Dimanche 12 décembre 1880

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1880-12-12 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-12-12 pages 2-3.jpg


Paris 12 Décembre 80

Mon cher Papa,

J’aurais voulu t’écrire hier mais le temps m’a manqué, j’ai eu le matin plusieurs ouvrages à terminer puis à 1h j’ai eu la grande surprise de voir arriver ici tante[1] et Émilie[2] ! tu juges de ma joie ; elles étaient en voiture et se rendaient au cours, j’ai bien vite mis mon chapeau elles m’ont prise en 3e dans leur équipage au risque d’être absolument comprimées et nous avons été ensemble rue du Bac où je me suis rajeunie en assistant aux 2 leçons d’Émilie ; j’ai retrouvé Marie des Cloizeaux ; mais sauf elle tout notre vieux personnel du cours est changé ; les contemporaines d’Émilie sont presque les doyennes maintenant et il y a une quantité de petites jeunesses que je voyais autrefois en robes courtes et qui me semblaient des enfants ! A 4h j’ai laissé ces dames se précipiter en voiture au cours d’anglais et je suis rentrée en passant par le Bon Marché ce qui m’arrive souvent. Le soir nous[3] avons dîné chez notre oncle Villermé[4].

Aujourd’hui Dimanche, nous avons l’intention d’être fort calmes ; Marcel a depuis Mercredi une douleur dans l’épaule et dans le cou qui le force à tenir sa tête penchée et qui le fait souffrir, il a été forcé jusqu’à présent de sortir quand même mais comme il peut se dispenser aujourd’hui d’aller à la Cour il va en profiter pour se tenir bien chaudement et tâcher de se débarrasser tout à fait de ce vilain rhumatisme qui du reste depuis 2 jours diminue un peu.

Je n’ai pas été au Jardin depuis plusieurs jours mais hier tante m’a paru très bien ; j’espère que cette 1ère sortie, un peu trop prolongée peut-être, ne lui aura pas fait de mal ; elle n’est pas encore bien forte, on s’aperçoit qu’elle est retenue à la chambre depuis 3 semaines.

Je pense avec joie, mon Père chéri, que Noël approche à grands pas et que par conséquent tu vas bientôt nous arriver ; il semble que le temps doux et chaud que nous avons veuille favoriser ton voyage ; si l’hiver continue de la sorte on ne pourra pas se plaindre je suis sûre même qu’on trouvera moyen de dire qu’un peu de gelée et de neige aurait fait du bien. Notre petit jardin[5] est très gentil ; il vient d’être remis complètement en état et il y a bien gagné ; nous avons fait planter du lierre tout le long du mur neuf ; dans la maison rien n’est changé. Nous voulions faire planter dans notre jardin quelques abricotiers pensant que cela ferait la joie de Robert[6] mais ils étaient trop chers et nous y avons renoncé ; nous n’avons qu’un modeste petit poirier de 4 [  ] ainsi je crois qu’il lui faudra bien du temps avant qu’il puisse rivaliser avec les bons poiriers de Vieux-Thann. Nous continuons à nous délecter dans tes excellentes poires ; elles sont bien mûres maintenant et nous n'en avons pas perdu une du reste nous approchons de la fin.

Adieu, mon Père chéri, à bientôt, dans 15 jours au plus en attendant je t’embrasse de toutes mes forces.
ta fille
Marie

Marcel qui travaille vis à vis de moi me charge de t’envoyer ses plus affectueuses et respectueuses amitiés.


Notes

  1. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  2. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  3. Marie Mertzdorff et son époux Marcel de Fréville.
  4. Louis Villermé.
  5. Jardin du pavillon de la rue Cassette.
  6. Robert de Fréville ne sera que le deuxième enfant de Marie Mertzdorff ; l’enfant à naître est Jeanne de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 12 décembre 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_12_d%C3%A9cembre_1880&oldid=39314 (accédée le 15 novembre 2024).

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