Dimanche 12 août 1804, 24 thermidor an XII
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)
n° 151
Paris le 24 thermidor an XII
Mon cher Père,
je ne sais vraiment comment je vis. je néglige tout ce qui m'est personnel et les jours s'écoulent sans que je m'en doute. dans ces derniers temps j'ai eu un surcroît excessif d'occupations parce que j'étais examinateur du concours pour les prix de l'Ecole pratique de l'Ecole de médecine et que nous y avons employé quinze jours à trois heures chaque jour. j'ai terminé mon cours à l'Ecole Centrale. je suis membre et secrétaire du Conseil d'administration de l'Ecole de médecine ce qui m'a surtout occupé dans le commencement où j'ai eu besoin de me mettre au courant de la besogne. j'ai entrepris de terminer au jardin des plantes la détermination de toutes les espèces de poissons de la collection pour faire cette année dans les plus grands détails la partie du cours que je n'avais qu'ébauchée l'année dernière. et ce travail est d'une minutie telle qu'il y a quelques jours j'ai employé quinze heures d'horloge à préparer une leçon qui a été débitée en une heure. j'ai donné hier ma 11e séance. je ne fais que trois leçons par semaine et à ce train-là je ne serai libre que dans le commencement de brumaire, ce qui ne me laisserait pas un instant de vacances. je me suis décidé, lorsque j'aurai fini la partie la plus difficile de mon travail, c'est-à-dire vers le milieu du mois prochain, à faire mes leçons tous les jours. de sorte que je serai libre dans la première quinzaine de Vendémiaire et comme nos vacances à l'Ecole de médecine se prolongeront jusqu'au premier brumaire, j'aurai quinze jours à moi que j'irai passer dans la famille.
Je n'ai pas eu encore le loisir de répondre à M. Duméril de Valognes[1]. mon intention était, avant même que vous m'en écriviez, de parler à M. Lacépède pour la Légion d'honneur et Auguste[2] avait fait une pétition que je devais lui remettre le jour-même où il est parti pour Boulogne. S'il tarde à revenir à Paris je lui écrirai. M. Chaussier, le Professeur avec lequel je suis à l'Ecole de médecine, est maintenant à Amiens pour le jury. vous feriez bien de l'aller voir et de lui faire quelque honnêteté : vous m'obligeriez. Duméril[3] est toujours dans le même état. au reste il se porte bien ainsi qu'Auguste qui vient de me quitter pour aller donner à mon domestique le châle de soie de Maman[4] dont M. Deneux[5] veut bien se charger ainsi que de quelques jetons qui, réunis aux dix-neuf que je vous ai déjà envoyés, vous formeront une bourse de 70. Si vous en vouliez davantage, mandez-le moi.
Je vous embrasse ainsi que toute la famille
C. Duméril
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 111-113)
Annexe
A Monsieur Duméril substitut du procureur impérial
Petite rue Saint Rémy n° 4
A Amiens
Monsieur Deneux
Rue Saint Jacques n° 665
Maison du Bon Air, chez un épicier près la rue des Mathurins
Pour citer cette page
« Dimanche 12 août 1804, 24 thermidor an XII. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_12_ao%C3%BBt_1804,_24_thermidor_an_XII&oldid=60196 (accédée le 9 octobre 2024).
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