Des archives familiales
A côté du pôle majeur constitué par les lettres, des « papiers » relatifs à la famille sont présentés : journaux personnels, journaux de voyages, testaments, certificats scolaires, etc. Ils proviennent pour l’essentiel des archives privées familiales. Ils sont regroupés ici autour du savant André Marie Constant Duméril (1774-1860) et de l'industriel Charles Mertzdorff (1818-1883) à partir de son mariage avec Caroline Duméril en 1858. Cet ensemble disparate de manuscrits est complété par quelques imprimés, par exemple des notices nécrologiques qui offrent avec leur rhétorique très codée un autre agencement des éléments biographiques sur la vie d’André Marie Constant Duméril.
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La vie d’une famille bourgeoise ne se conçoit pas au XIXe siècle sans échange de lettres. Les trois mille lettres conservées par les familles Duméril, Mertzdorff et Froissart témoignent de ce besoin d’écrire et du soin apporté à la conservation des papiers de famille.
À travers codes et rituels épistolaires se dévoilent un monde intime et affectif, des formes de sociabilité en province (Alsace, nord de la France) comme à Paris, et des milieux professionnels diversifiés (médecins, savants naturalistes du Jardin des plantes, industriels, militaires, propriétaires fonciers, etc.). Ces missives « ordinaires », écrites par plus d’une cinquantaine de personnes, femmes et hommes, sur cinq générations, de la Révolution française jusqu’au début du XXe siècle, sont pleines des murmures et des éclats de l’époque.
Les lettres ne s’enchaînent pas comme un dialogue linéaire ; elles sont écrites par différents correspondants qui forment un réseau complexe. La répartition des lettres conservées est inégale dans le temps, il y en a par exemple 28 en 1812, 173 en 1870, 121 en 1918, mais aucune à d’autres moments. C’est une correspondance exemplaire par sa taille, sa densité, sa durée et sa richesse.
Les lettres sont conservées dans la propriété familiale de Campagne-lès-Hesdin (Pas-de-Calais), mais aussi dans les demeures de descendants plus éloignés, parfois sous forme de copies anciennes (huit « livres » manuscrits) ou de photocopies. Il est complété par quelques lettres trouvées dans des archives publiques (Muséum) ou des ouvrages (Bretonneau et ses correspondants, Paul Triaire, 1892, ouvrage numérisé par la BIUM). Cet ensemble de correspondances s’est organisé autour des personnalités marquantes de la famille : André Marie Constant Duméril, Charles Mertzdorff, Damas Froissart. Les lettres sont régulièrement mobilisées par leurs propriétaires qui écrivent des histoires de la famille.
Ludovic Damas Froissart a publié trois volumes :
André Constant Duméril, médecin et naturaliste, 1774-1860, 1984
Charles Mertzdorff, un industriel Alsacien, 1818-1883, 1983
Histoire d'une vieille maison de famille à Campagne-lès-Hesdin, 1985.
Le volume sur Charles Mertzdorff, tiré à 600 exemplaires, visait dès le départ un public extra-familial (il s'est par exemple vendu à Vieux-Thann en Alsace où prospéra l’entreprise de blanchiment des tissus). En revanche, le volume sur André Marie Constant Duméril ainsi que celui sur la maison familiale – sans dépôt légal – n'étaient destinés qu'à une diffusion restreinte.
Après la publication de Ces Bonnes Lettres (C. Dauphin, P. Lebrun-Pézerat, D. Poublan, chez Albin Michel, 1995), Monsieur Soleil, autre descendant de la famille, nous a confié huit « livres » de lettres recopiées au XIXe siècle qui complètent la correspondance d’André Marie Constant Duméril et font découvrir celle de ses fils et de leurs épouses (Constant et Félicité, Auguste et Eugénie).
Le fonds constitué autour d'André Marie Constant Duméril comprend les lettres qu’il adressait à Amiens à ses parents, Jean Charles François Duméril et Rosalie Duval (des parents eux-mêmes, aucune lettre ne nous est parvenue). A ce flux régulier contribue aussi son épouse, Alphonsine Delaroche. De façon épisodique (à l’occasion de voyages), l’épouse devient la correspondante privilégiée. Au moment des fiançailles tumultueuses de leur second fils Auguste Duméril avec sa cousine Eugénie Duméril, une correspondance importante a été échangée (elle est transmise sous la forme de « livres » de copies).
Le deuxième fonds de lettres a été organisé autour de la personne de Charles Mertzdorff, industriel alsacien et autre personnage phare de la lignée. Le réseau des correspondants qui se développe de 1845 à 1908 est particulièrement vaste, dense et réciproque : il se déploie autour de Charles Mertzdorff, ses deux épouses successives (Caroline Duméril et Eugénie Desnoyers) et ses filles (Marie et Émilie Mertzdorff). Aux relations de parenté (grand-parents, frères et sœurs, oncles et tantes, cousins et cousines) s’ajoutent des relations professionnelles (soit une cinquantaine de correspondants pour environ 2 000 lettres). De ce fonds sont extraites les 120 lettres publiées dans le livre intitulé Ces bonnes lettres.
Enfin le troisième lot se réduit à une poignée de correspondants : Émilie Mertzdorff et son mari Damas Froissart écrivant à leur plus jeune fils, Louis Froissart, au début du XXe siècle et pendant la guerre de 1914. C’est le fils de Louis, Ludovic Damas Froissart, qui a rassemblé et conservé la majorité des lettres. Il a récemment désigné l’un de ses petit-fils comme dépositaire des archives familiales.
La transmission de cette correspondance résulte de gestes multiples de conservation, de collecte et de classement, sans exclure les actes inévitables de destruction.
Pour citer cette page
« Des archives familiales », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Des_archives_familiales&oldid=53594 (accédée le 15 novembre 2024).
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