Vendredi 8 février 1901

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


Fs1901-02-08 pages1-4 Emilie.jpg Fs1901-02-08 pages2-3 Emilie.jpg


8 Février 1901.

Te voilà dans les derniers préparatifs, ma pauvre petite Mie, et tu dois être bien fatiguée. N’en fais pas trop, je t’en prie. Je suis sûre que tout sera parfait et je donnerais beaucoup pour voir comment tu arranges ta maison.

Nous n’avons pas fait de souper : j’avais traité avec le Charvin[1] de l’endroit qui a la spécialité des buffets de soirée et cela a été très bien. Je ne sais encore ce que cela coûtera, mais ce que je sais c’est qu’on a mangé beaucoup, proportionnellement plus qu’on n’a bu. On a consommé 140 bouteilles de Champagne. Il a disparu 2 énormes pâtés de foie gras, 2 poulets froids et un gros filet de bœuf, deux saladiers de salade russe ou autre, une cinquantaine d’œufs pochés dans [de] la gelée et des pyramides de sandwichs et de pains au fois gras, sans parler de 8 litres de chocolat et autant (sinon plus) de café glacé, 2 sorbetières de petites glaces, et quantité de pâtisseries. Il est vrai que tout le monde presque est resté jusqu’à 2h et la moitié des invités jusqu’à 4h1/2. Il y avait, je crois, 8 serveurs et 3 femmes pour relaver. Je ne me suis occupée de rien pour le buffet et mes domestiques[2] n’y ont pas touché. Les détails que Jeanne[3] me donne sur votre cotillon m’ont bien intéressée, que cela sera joli !

Nous allons demain au bal chez l’originale Mme Guérin[4] dont le mari est à la retraite, comme Général de Brigade (c’est lui qu’elle appelait et appelle encore « Colo ») mais si les gens qui me verront s’imaginent que je suis avec eux, ils se tromperont étrangement, car mon esprit ne quittera guère la rue Cassette et ce sont vos valses que j’entendrai...

Je t’embrasse bien tendrement ma chérie, ainsi que tes chères filles[5], je remercie beaucoup la grande de sa lettre et j’envoie tous mes souhaits de bonne 15e année à la moyenne. Paraîtra-t-elle Samedi soir ?

Émilie


Notes

  1. Charvin, pâtissier traiteur parisien.
  2. Les Froissart emploient à Douai plusieurs domestiques (4 comme en 1906 ?), dont Nestor Bricout et son épouse Élodie Lecomte.
  3. Jeanne de Fréville.
  4. Aline Billet épouse d'Edmond Claude Joseph Guérin.
  5. Jeanne, Marie Thérèse et Françoise de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Vendredi 8 février 1901. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_8_f%C3%A9vrier_1901&oldid=54353 (accédée le 15 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.