Lundi 31 décembre 1900
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Ma bonne petite Mie,
Je veux que mes tendresses t’arrivent demain matin et que tu saches (quoique tu n’en puisses douter) combien je suis encore prête à t’aimer pendant cette année 1901. Que je la voudrais bonne pour toi cette année, ma chérie ; puisse-t-elle être exempte des tristesses qui ont assombri celle que nous finissons[2]. Je voudrais même qu'elle qu’elle fût exempte de préoccupations et je te souhaiterais volontiers comme l’an dernier, que vous n’ayez pas encore à prendre de grave décision pour l’avenir de votre chère grande fille[3], que vous puissiez en jouir encore tout à votre aise. Mais pourquoi chercher à pénétrer l’avenir ? que le bon Dieu vous bénisse et vous guide, qu’il soit le gardien de votre bonheur et de celui de vos chez enfants, voilà tout ce que je veux demander pour vous.
Ce premier Janvier sans notre cher oncle va être bien triste pour tous ; le vide sera particulièrement grand pour tante Cécile[4] et la Tunisie lui paraîtra plus loin que jamais. Heureusement qu’elle t’a près d’elle, ma bonne chérie.
Comme tu as été bonne pour notre Mlle Bosvy[5], je suis aux regrets de n’avoir pas été la voir Dimanche. J’ai écrit à sa sœur[6] en ayant soin de te nommer dans ma lettre.
Merci de la bonne lettre que j’ai reçue ce matin, je regrette bien que Marcel[7] et Jeanne n’aient pas pu venir jusqu’à nous. Est-il trop téméraire de penser qu’ils pourraient un jour renouveler leur petite fugue en notre honneur ? Douai est si près de Paris.
Merci de tous les cadeaux que tu nous annonces et des fonds que tu mets à la disposition de Jacques[8]. La caisse du Bon Marché est arrivée, nous allons la défaire. J’ai l’intention de rehausser demain de l’éclat d’un arbre de Noël cette distribution des étrennes, qui, pour être données à la lueur des petites bougies, n’en seront pas moins attribuées à leurs donateurs ; mes petits[9] ne se souviennent pas de nos derniers arbres de Noël.
Nous attendons Jacques ce soir. Ce sera bien bon d’être au complet[10] pour 4 jours, mais bien court. Adieu ma petite Marie, je t’embrasse avec toute ma tendresse de vieille sœur, Damas[11] se joint à moi pour vous envoyer à tous nos souhaits les plus affectueux.
Émilie
Tu trouveras ci-inclus 30 F pour Jeanne, 30 pour Robert[12], 30 pour Charles[13].
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ En particulier la mort de leur « cher oncle » Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jeanne de Fréville a bientôt 20 ans et on pense à la marier.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et sœur d'Alphonse Milne-Edwards. Son fils Jean Dumas et sa famille vivent en Tunisie.
- ↑ Marguerite Geneviève Bosvy est décédée le 28 décembre 1900.
- ↑ Marie Louise Bosvy.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Jacques Froissart.
- ↑ Probablement Pierre (7 ans) et Louis (5 ans) Froissart.
- ↑ Au complet : avec les six enfants, Jacques, Lucie, Madeleine, Michel, Pierre et Louis Froissart.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Robert de Fréville (18 ans).
- ↑ Charles de Fréville (16 ans).
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Lundi 31 décembre 1900. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_31_d%C3%A9cembre_1900&oldid=54252 (accédée le 15 novembre 2024).
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