Vendredi 7 mai 1875 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre de Paule Arnould (Paris) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)

original de la lettre 1875-05-07.jpg


Paris. Vendredi 7 Mai 1875

Bien chère Madame,

Je crains trop que vous appreniez demain par un billet de faire-part le foudroyant et douloureux événement qui est un vrai malheur pour toutes les élèves du cours et je veux dans un seul mot vous dire qu’il est malheureusement arrivé hier au soir.

Vous avez sans doute appris par Emilie[1] Mercredi que Madame Charrier[2] s’était mise dans son lit la veille en revenant d’une messe de mariage : on croyait à un refroidissement mais on ne pensait pas que la poitrine fût atteinte. Une fluxion de poitrine s’est pourtant déclarée hier matin, Madame Charrier a été administrée dans la journée et le soir à 11h tout était fini. Il paraît que Mlle Bosvy a passé toute la journée et toute la nuit d’hier et a entouré Mademoiselle des Essarts qui était bien seule, à cause de la rapidité de cette maladie et qui aura certainement été d’un bien grand secours lorsque toutes les élèves de tous les cours seront arrivées aujourd’hui. Je vous donne ces quelques détails, chère Madame ; peut-être savez-vous déjà tout, mais je me suis mise à votre place et il m’aurait semblé bien dur de l’apprendre par un billet.

Comme on passe vite des joies aux tristesses ! J’ai été si heureuse, Mercredi. Je ne vous donne pas de détails sur la première communion[3], j’espère vous voir bientôt, il me semble qu’il y a si longtemps que je ne vous ai pas embrassée. Tout s’est on ne peut mieux passé, et je n’ai pas besoin de vous dire que je les ai trouvés les plus gentils des 89 enfants. Ils vous remercieront Eux-mêmes des souvenirs que vous leur avez donnés et dont ils sont bien reconnaissants.

Au revoir ma chère Madame, je vous embrasse comme je vous aime, vous savez que c’est bien fort et <  > toutes mes amitiés <à ma chère petite amie[4]>

Paule Arnould

Enterrement 10h ¼ à Saint-François Xavier, Bd des Invalides


Notes

  1. Emilie Mertzdorff.
  2. Caroline Boblet, veuve d’Edouard Charrier, directrice du cours, assistée de sa nièce Mlle des Essarts Boblet.
  3. Première communion d’Edmond et Louis Arnould, frères de Paule.
  4. Marie Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 7 mai 1875 (B). Lettre de Paule Arnould (Paris) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_7_mai_1875_(B)&oldid=36094 (accédée le 13 octobre 2024).

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