Vendredi 4 novembre 1881 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Ma chère Marie

Notre petite malade[1] vient de passer une assez bonne nuit après son bain à 10h qui a abaissé la température de 40.4 à 36.4. elle a dormi quelques bonnes heures, puis vers 4h la température n’est montée qu’à 39. l’on a donné un linge mouillé qui a de nouveau permis un repos bienfaisant.

Ce matin 9h un bain qui pour la petite est toujours aussi pénible, en somme le docteur[2] est plus rassuré ainsi que sœur Bonaventure qui me quitte à l’instant.

Nous sommes au 5[e] jour ce sont donc encore quelques longs jours à passer avant de pouvoir se rassurer sérieusement.

Dès le début la pauvre enfant a été prise d’une manière excessivement violente & l’on voyait sans qu’il le dise que notre Médecin était pas mal inquiet.

A l’instant arrive H. Stackler[3] il est 11h du matin je ne sais encore ce qu’il dira ; peut-être avant de fermer ma lettre saurai-je vous donner son appréciation.

tout naturellement, les soins ne manquent pas, il y a jour & nuit toujours 2 sœurs auprès de la malade.

La petite maman[4] est couchée elle aussi a besoin de soins & de repos, & l’on me dit que Mme Stackler[5] se sent elle-même très fatiguée & est souvent sur son lit.

Françoise[6] de chez les Auguste Scheurer-Kestner[7] est depuis longtemps malade & il paraît que Suzanne[8] est aux petits soins pour elle & la quitte peu Jour & nuit, une sœur est auprès de la Malade dans la maison de ses maîtres. tu comprends que sœur Bonaventure triomphe de ce succès. tu comprends le pourquoi.

Hier M. A. Scheurer[9] a été brûlé d’une manière très sérieuse aux mains, le dos, la tête, je ne sais ni comment ni par quoi. Il paraît que les brûlures sont très profondes & très sérieuses.

Je vais moi-même très bien mais depuis mon retour je n’ai pas su faire grand chose d’utile. Nous sommes tous absorbés par notre petite Malade.

tout à toi ChsMff

tu voudras bien embrasser nos chers parents[10] pour moi, c’est principalement pour eux que j’écris, ils nous ont quittés dans des conditions tellement pénibles que je tiens à ce qu’ils soient bien au courant de la maladie comme s’ils étaient restés auprès d’elle.

Vendredi Matin 11 h.

Je t’ai adressé aujourd’hui une caisse poires, en grande vitesse.


Notes

  1. Hélène Duméril, atteinte de fièvre typhoïde.
  2. Le docteur Louis Disqué.
  3. Henri Stackler, médecin, oncle de la petite malade.
  4. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  5. Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
  6. Françoise, domestique chez les Scheurer-Kestner.
  7. Auguste Scheurer et son épouse Céline Kestner.
  8. Suzanne Scheurer-Kestner.
  9. Albert Scheurer ?
  10. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 4 novembre 1881 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_4_novembre_1881_(A)&oldid=41347 (accédée le 8 décembre 2024).

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