Vendredi 4 et samedi 5 novembre 1881

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Vendredi soir.

M. Stackler[1] est ici, comme vous le disait ma dernière ; lui croit que la malade[2] touche son 9 jours & ne la trouve pas du tout si mal.

Il n’approuve pas tout à fait le traitement du Docteur Disqué[3], il dit qu’à Paris il est fort rare que l’on donne des bains à des enfants, mais il demande que l’on continue ainsi que l’on a commencé. C’est en effet un traitement presque cruel pour un petit enfant que ce quart d’heure que l’on le laisse dans de l’Eau qui pour commencer est chaude 26° mais que l’on refroidit peu à peu par de l’addition d’Eau froide ; l’enfant finit par grelotter & supplier à ce qu’on la sorte, se débattant à fendre le cœur. Mais une fois dans son lit il se trouve dans un état de bien-être & de suite s’endort pour des heures. Ce sont toujours trois bains que l’on donne & aujourd’hui 5h M. Henry Stackler n’a pas attendu le Docteur Disqué qui devait venir vers 5½ /6h pour lui donner son bain, la petite Malade ayant 40° 6 ce qui est trop chaud. Vers 10h l’on donne le dernier bain de la journée, dans l’intervalle des linges mouillés, si le thermomètre le demande. Elle conserve la glace sur la tête & le ventre.

Sœur Bonaventure trouve aussi un mieux ainsi que la nouvelle sœur de Vieux-Thann.

La maman[4] ferait bien de se coucher & se reposer, mais elle le peut difficilement, sa fille la demandant souvent.

Je pense que M. Henry restera quelques jours ici, il n’en a cependant pas été question lorsque j’étais chez Léon.

Samedi Matin 11h.

La nuit était bonne, grâce à l’abaissement de température la malade était calme & a dormi des heures. Henry Stackler a passé la nuit avec l’une des sœurs. Le traitement à l’eau froide se continue & sœur Bonaventure qui vient de me quitter me dit que M. Henry Stackler est content.

La maladie suit son cours & rien d’inquiétant ne se présente au contraire il y a du mieux.

Ce matin, nouveau bain froid, la petite a toute sa raison & n’est pas faible encore, ce qui étonne un peu M. Henry.

Il n’y a que le ventre qui se trouve encore très dur & ballonné, l’on va lui donner un lavement d’Eau froide. Vous voyez que nous avons tous le meilleur espoir d’une prompte guérison.

J’ai reçu une lettre d’Émilie[5] qui nous donne des nouvelles de ses grands-parents[6] qui ont fait bon voyage ce qui nous a réjoui. Léon en est informé.

Le hochet que tu me demandes ne se trouve pas dans l’armoire des jouets. Thérèse[7] a tout sorti, tout ouvert & rien trouvé. Peut-il être ailleurs ? dis-le nous.


Notes

  1. Henri Stackler, médecin.
  2. La petite Hélène Duméril, atteinte de fièvre typhoïde.
  3. Le docteur Louis Disqué.
  4. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  5. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  6. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  7. Thérèse Neeff, bonne chez Charles Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 4 et samedi 5 novembre 1881. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_4_et_samedi_5_novembre_1881&oldid=36032 (accédée le 26 avril 2024).

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