Vendredi 31 octobre 1879
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Parie 31 Octobre 1879
Mon cher Papa,
Vite un petit mot au galop pour te remercier de ta bonne lettre d’hier qui nous a fait tant de plaisir ; je ne sais vraiment pas comment j’ai fait mon compte j’ai eu la visite des sœurs[1] puis de Mathilde Arnould qui a passé un bon moment avec nous et qui nous quitte à l’instant de sorte que la journée se pa s’est écoulée sans que je m’en aperçoive et je viens d’être bien étonnée tout à l’heure en levant les yeux de voir que la pendule marquait 5 heures ! Oncle[2] et Émilie[3] viennent de rentrer ils avaient été faire un petit tour ensemble ; demain, jour de fête on projette une grande excursion à pied au Jardin d’acclimatation ; Marthe[4] et Jean[5] seront de la partie, si toutefois le temps se prête à leur envie de marcher, mais c’est probable car malgré le ciel gris il ne pleut pas et il fait assez froid pour qu’on n’ait pas à redouter de l’eau.
Je ne te parle pas de ma jambe parce qu’elle va mieux aujourd’hui ; le petit effort de la nuit dernière n’a pas eu de plus longues suites et cette après-midi pour la première fois j’ai quitté ma chaise longue et je suis installée sur un fauteuil avec un tabouret seul sous les genoux de sorte que je suis presque assise et ma jambe droite peut vagabonder.
Émilie est en train d’étudier son piano avec beaucoup d’ardeur elle est déjà à sa seconde heure de travail aujourd’hui.
Nous lisons en ce moment beaucoup à haute voix et nous avons un ouvrage de Saint-Marc Girardin sur La Fontaine et les fabulistes[6] qui nous intéresse et même nous amuse beaucoup car il est écrit avec énormément d’esprit. Le soir c’est le chevalier Ivanhoé[7] qui fait les frais de la séance ; nous avons laissé le lac Ontario pour Walter Scott !
Jean vient tous les jours me faire une petite visite, il est très gentil et se porte vraiment bien ; je pense qu’ils partiront pour Cannes vers le 15 de ce mois et qu’ils s’arrêteront un peu à Lyon en passant pour voir le jeune ménage Noël[8] et le petit Guy que sa grand’mère[9] ne connaît pas.
Adieu mon Père chéri, merci encore pour ta lettre et surtout merci pour l’espoir que tu nous donnes de te voir la semaine prochaine s’entend le commencement n’est-ce pas ? Je t’embrasse de tout mon cœur.
Marie
Notes
- ↑ Les sœurs de la communauté des Filles de la Charité, rue de l'Épée de Bois ?
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Marthe Pavet de Courteille.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Saint-Marc Girardin (pseudonyme) (1801-1873), La Fontaine et les fabulistes, 1867.
- ↑ Ivanhoé, roman médiéval de Walter Scott, 1819.
- ↑ Noël Jean Baptiste Dumas et son épouse Louise de Tournemine, parents de Guy Dumas.
- ↑ Cécile Milne-Edwards, épouse de Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 31 octobre 1879. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_31_octobre_1879&oldid=36029 (accédée le 18 décembre 2024).
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