Vendredi 30 avril 1880 (A)
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son gendre Marcel de Fréville (en voyage de noces à Launay-Nogent-le-Rotrou)
Mertzdorff à son gendre [ ] de Fréville[1]
Mon cher Marcel
Si je n’avais ces derniers jours été si absorbé par les chiffres que provoque toujours un inventaire je vous aurais répondu plus tôt à votre si bonne & affectueuse lettre qui me dit combien de soins vous prenez de votre nouveau bien[2]. foi de papa il le mérite bien & si nous sommes d’accord sur ce chapitre, nous nous entendrons toujours admirablement, ce qui est désirable n’est-ce pas ?
Je suis si heureux de vous voir si contents tous deux que vous auriez plaisir à scruter mon cœur, qui, cependant était un moment bien tourmenté de l’inconnu. Il est si facile d’être heureux en ménage que je ne comprend pas que tout le [ ] ne le pratique pas. C’est avec intention que je dis pratique ; car cela ne dépend que du ménage même.
J’espère que vous avez fait un bon petit voyage malgré le mauvais temps, qui, à en juger par le temps de pluie de ces derniers jours, a dû vous contrarier beaucoup, bientôt j’apprendrai que vous vous serez décidé à quitter Launay. Mais je m’attendais à vous voir rester à Paris 2 à 3 jours d’abord parce que vous avez sans doute pas mal à y faire pour faire avancer vos travaux au pavillon[3] & que Marie ne sera pas fâchée de bien embrasser sa sœur[4] & sa tante[5].
Quant à Vieux-Thann il est tout prêt à vous recevoir avec bonheur, vous n’en doutez pas & à vous garder aussi longtemps que vous le voudrez & le pourrez.
Si vous saviez les fables que l’on débite au village & à la fabrique sur le mari de Mlle Marie, cela vous réjouirait bien ; car il n’est venu dans la tête de personne que vous ne soyez une perfection légendaire.
Ce qui me fait plaisir c’est que le baromètre monte lentement & me donne l’espoir que pendant votre séjour ici vous aurez beau temps. Je tiens à ce que vous ayez bonne, très bonne opinion de mon pays, que j’aime tant, & pour cela un bon soleil ne nuit pas,
l’heure me presse pardonnez & embrassez bien Marie pour moi, vous savez combien je l’aime & nous ne sommes pas les seuls, bien d’autres demandent une petite place dans son petit cœur
pour vous cher ami vous êtes assuré que vous avez trouvé un père qui ne demande qu’à être un bon-papa.
tout à Vous
Charles Mertzdorff
Vieux-Thann le 30 Avril 1880.
Notes
- ↑ Ajout ultérieur.
- ↑ Marcel de Fréville vient d’épouser Marie Mertzdorff.
- ↑ Le pavillon de la rue Cassette que le jeune ménage va occuper.
- ↑ Emilie Mertzdorff.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 30 avril 1880 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son gendre Marcel de Fréville (en voyage de noces à Launay-Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_30_avril_1880_(A)&oldid=36010 (accédée le 15 novembre 2024).
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