Jeudi 29 avril 1880

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (en voyage de noces à Launay-Nogent-le-Rotrou) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1880-04-29 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-04-29 pages 2-3.jpg


Launay 29 Avril 1880

Mon cher Papa,

Nous[1] avons trouvé en revenant de notre petite excursion à Mortagne et au Houssay[2] ta bonne et longue lettre et tu ne saurais croire le plaisir qu’elle nous a fait ; je voulais y répondre dès hier mais j’ai mal combiné mon temps et la journée s’est passée sans que j’aie pu mettre mon projet à exécution ; il faut t’avouer que nous sommes très paresseux, que nous flânons beaucoup et que de la sorte les heures s’envolent avec une rapidité inouïe. Nous allons quitter Launay Lundi prochain 3 Mai nous irons déjeuner chez Mme de Fréville[3], je passerai mon après-midi au Jardin où nous dînerons puis le soir nous nous mettrons en route pour aller aussi faire notre petite visite à notre Père chéri. Je me réjouis bien d’aller avec Marcel à Vieux-Thann et de lui montrer tout ce pays que j’aime tant ; aussi je voudrais bien que nous soyons seuls de Mulhouse à Thann afin que je puisse tout à mon aise lui montrer ce qui m’intéresse sur la route. Donc Mardi vers 10 heures nous serons auprès de toi ! Je voudrais bien savoir où tu nous mettras, car cette fois ce n’est plus dans la petite chambre bleue que je m’installerai ; il me semble que le plus agréable serait la chambre de tante[4] si le lit est assez grand pour 2 et dans tous les cas Thérèse[5] pourrait y mettre ses plus grands matelas. Pourvu que nous ayons beau temps la semaine prochaine je voudrais bien que nous laissions ici le vent et la pluie qui nous ennuient depuis 2 jours.
Notre petit voyage de 3 jours s’est très bien passé ; j’ai été enchantée de voir le Houssay que j’avais si envie de connaître et pour y arriver nous avons traversé un très joli pays. En revenant au lieu de passer par le Mans comme nous en avions eu d’abord l’intention nous avons été à Chartres dont je ne connaissais pas la cathédrale et cette visite m’a beaucoup intéressée.
Je ne te parle pas de moi parce que tu sais ce que j’aurais à te dire et tu constateras toi-même dans quelques jours combien je suis heureuse et comme je me porte bien.

Adieu, mon cher Père, je t’embrasse de tout mon cœur, Marcel se joint à moi pour t’envoyer beaucoup d’amitiés.
ta fille Marie

J’ai de bonne nouvelles de Paris mais je ne sais rien du tout de bon-papa et bonne-maman[6]. C’est probablement la dernière fois que je t’écris avant de te revoir mon cher petit Papa, car une lettre écrite Samedi arriverait presque en même temps que nous.


Notes

  1. Marie Mertzdorff et son tout nouvel époux Marcel de Fréville.
  2. Voir la lettre du 24 avril 1880.
  3. Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
  4. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards ? (plutôt qu’Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel).
  5. Thérèse Neeff, employée de maison chez Charles Mertzdorff.
  6. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 29 avril 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (en voyage de noces à Launay-Nogent-le-Rotrou) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_29_avril_1880&oldid=40047 (accédée le 9 décembre 2024).

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