Vendredi 2 septembre 1910

De Une correspondance familiale




Lettre de Damas Froissart (Brunehautpré), à son fils Louis Froissart (Malberg en Allemagne)


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 BRUNEHAUTPRE
CAMPAGNE-LES-HESDIN N°2
BRIMEUX
PAS-DE-CALAIS

Mon cher Louis,[1]

Nous sommes heureux de savoir content à Mahlberg : te voilà en rapport avec l’aristocratie de l’endroit et avec une aristocratie qui ne parle qu’allemand, c’est très bien !

Ta mère[2] a reçu ce matin de m l’abbé Baey[3] une lettre qui confirme les bonnes nouvelles que tu nous donnes : ta mère avait eu la pensée qu’il allait quitter vos parages sans qu’elle lui eût fait aucun versement pour ton séjour là-bas, mais il répond qu’il fera toutes les avances nécessaires et que nous n’avons pas lieu de nous en préoccuper. Il ne dit pas quand il quitte Coblence.

Les nouvelles d’ici sont

1° que Michel[4] est parti depuis 4 jours à Boulogne où il est « 40 Boulevard Clocheville chez un professeur de Philosophie m Heyberger[5] » de même que tu as dans ton voisinage un jeune Hamy[6] d’Hardinghen[7], il a son cousin nommé Bacquet[8] (cousin de Hamy et le notre) Docteur en droit, Président du tennis où Michel se délasse.

2° les Colmet Daâge[9] sont arrivés depuis avant-hier. Ils vont très bien.

3° Jacques[10] vient de partir pour Paris (avec Georges[11]) pour y prendre livraison de l’auto.

4° Pierre[12] vient de partir pour Douai où il va chercher des livres pour travailler un peu son bachot[13] raté et le recommencer.

5° Les Degroote[14] projettent pour la semaine prochaine, un petit voyage en Suisse : Ils nous laisseront leurs enfants[15] (Départ Mardi sans doute)

6° la maison du jardinier est enfin sortie de terre mais la maçonnerie n’est pas encore à hauteur des fenêtres du Rez-de-chaussée.

7° pour la 1ère fois, le baromètre est haut et l’on peut espérer bientôt venir à bout de la récolte de blé. Les avoines sont en partie coupées.

De Bamières[16], nous n’avons pas de nouvelles fraîches.

Ne crains pas de nous donner beaucoup de détails sur ta vie, un emploi de ton temps du lever au coucher. Profite le plus possible de cette occasion exceptionnellement favorable pour te préparer à ce malheureux bachot : vois ce qui arrive à ton frère Michel et combien il doit être odieux de se mettre à la besogne pendant que les autres s’amusent pour réparer des échecs, qu’on aurait pu éviter en travaillant plus régulièrement : je t’en conjure fais tout ce que tu peux pour éviter de pareils ennuis.

Nous t’embrassons bien tendrement, mon Cher enfant, nous pensons souvent à toi et parlons souvent de toi. mille amitiés,

D. Froissart

Il paraît que je t’ai fait faire un voyage bien [importun] de la gare du Nord à la gare de l’Est le jour où tu es parti par Paris : ç’a été, de ma part, une aberration que je m’explique mal. Tu es arrivé à temps, c’est l’important.

Je ne te parle pas des grandes décisions de Notre Saint Père le pape qui prescrivent ou autorisent la 1ère communion à 7 ans[17] : cela renverse ici les catholiques qui craignent qu’on n’apprenne plus le catéchisme aussi bien. autre événement : la condamnation du Sillon – ou plutôt invitation à se mettre sous la coupe des évêques par diocèse[18].


Notes

  1. Papier à en-tête imprimé.
  2. Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart.
  3. L’abbé Jules Elie Baey.
  4. Michel Froissart, qui doit prendre des cours de rattrapage scolaire.
  5. Venanti Heyberger.
  6. Hypothèse : Robert Hamy.
  7. Hardinghen, commune du Pas-de-Calais.
  8. Paul Bacquet.
  9. Guy Colmet Daâge et sa nouvelle épouse Madeleine Froissart.
  10. Jacques Froissart.
  11. Georges Bénard.
  12. Pierre Froissart.
  13. Damas Froissart écrit « bacho ».
  14. Henri Degroote et son épouse Lucie Froissart.
  15. Anne Marie et Suzanne Degroote.
  16. Paul Froissart (et sa fille Gabrielle Froissart, épouse d’Albert Tréca ?).
  17. Par décret du 8 août du pape Pie X autorise et encourage la confession et la 1re communion des enfants dès l'âge de 7 ans.
  18. Le Sillon, mouvement et revue, destinés à réconcilier les ouvriers et le christianisme, est finalement condamné par la lettre pontificale du 25 août 1910.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Vendredi 2 septembre 1910. Lettre de Damas Froissart (Brunehautpré), à son fils Louis Froissart (Malberg en Allemagne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_2_septembre_1910&oldid=56620 (accédée le 15 novembre 2024).

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