Vendredi 2 septembre 1859

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Charleville) à son fils Louis Daniel Constant Duméril (Paris)


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Charleville 2 Septembre

Mon Cher ami, je viens dire au jardin que je suis arrivé hier ici à une heure et plus tôt que ne l'indiquait le journal des chemins. j'avais bien fait de prendre un peu de café à Paris car à Reims et à Epernay où l'on s'arrête il n'y a pas de buffet. heureusement un monsieur qui a vu mon désappointement m'a offert et a partagé avec moi un petit pain qui m'a permis d'attendre mon arrivée. j'ai trouvé au débarcadère M Malard[1], Éléonore[2] et le jeune Malard[3] avec lesquels je suis venu à pied pour me dégourdir jusqu'à la maison qui est le Collège en vacances. là j'ai trouvé réunie toute la famille en grande tenue qui m'a fait le plus aimable accueil.

Ma sœur[4] est vraiment rajeunie et a un très bon teint. mes embrassements l'ont beaucoup émotionnée. Eléonore a les cheveux blonds devenus blanchâtres mais est très entrain, ma nièce Mme Malard[5] est charmante elle est si bien qu'on ne peut vraiment la croire mère de ses sept enfants. elle a les plus grands rapports de figure et de mouvements dans la physionomie avec Mme Raoul Duval[6]. Mme Martin[7] est toujours la même. son mari est parti depuis quelques jours pour assister à un mariage de l'un de ses parents ou amis dont il ne pouvait se dispenser d'être l'un des témoins comme il l'avait promis. la jeune Martin[8] à la taille bien moins grande qu'Adèle[9] sa figure est longue régulière et dans le genre de celle de Mme Gastambide même pour le teint – elle est fort timide. Toutes les petites filles sont charmantes de teint elles sont blondes et ont la peau très blanches. je m'en suis fait faire deux fois l'énumération personnelle afin de pouvoir appliquer leur nom mais je ne me suis pas encore familiarisé sur l'application de leurs noms. Le jeune Malard est très bien il sera un très joli garçon : il cause et raisonne bien. je n'ai pas tardé à faire mes distributions de souvenirs qui ont été parfaitement accueillis et appréciés. Nous n'avons dîné qu'à cinq heures et demie parce qu'on s'était arrangé pour cela et pour entrer dans mes habitudes, mais en attendant j'ai mangé un œuf à la coque et pris un peu de fruits.

C'est une belle réunion que cette tablée du dîner et j'ai vraiment joui de cette jolie assemblée de famille dont j'étais le patriarche.

Ta femme Félicité est bien aimée et appréciée par toute cette parenté je n'ai pas oublié la recommandation que j'avais été spécialement engagé par elle de témoigner ses regrets de ne pouvoir répondre à l'invitation qu'elle avait reçue on s'est réciproquement informé de tout ce qui concerne la famille de toi de Léon[10] et des Trouvillois[11].

Le soir on a fait un <> j'ai rangé mes affaires pour me mettre au lit où j'ai parfaitement dormi.

Décidément comme je l'ai annoncé je partirai d'ici mardi pour aller coucher à Epernay. Demain j'écrirai à Thann. Les lettres ne peuvent partir d'ici que dès le matin quand elles ont été déposées dans les boîtes avant sept heures. l'heure est passée mais comme j'apprends que si l'on porte à la boîte du chemin de fer avant neuf heures j'ai voulu t'écrire à la hâte cette première impression de voyage je ne connais ni la maison ni le jardin je n'ai vu qu'en venant à pied deux ou trois belles rues de la ville et aperçu la communication avec mézières par un pont sur la Meuse mais à une certaine distance je ne me relis pas et vous embrasse tous tendrement.

C. Duméril


Notes

  1. André Malard est directeur du collège de Charleville où il vit avec son épouse Thelcide Duméril et leurs 7 enfants : Georges, quatre filles nées entre 1843 et 1849 (Hélène, Marie, Jeanne et Amélie) et deux bébés.
  2. Éléonore Duméril, belle-sœur d’André Malard.
  3. Georges Malard, âgé d’environ 16 ans.
  4. Catherine Schuermans, épouse de Florimond Duméril l’aîné et belle-sœur d’André Marie Constant Duméril.
  5. Thelcide Duméril, épouse d’André Malard.
  6. Octavie Say, épouse de Charles Edmond Raoul-Duval.
  7. Félicité Duméril, épouse de Jules Martin, autre nièce d’André Marie Constant Duméril.
  8. Johanna, dite Anna, Martin, née en 1846.
  9. Adèle, fille d’Eugénie et Auguste Duméril, née en 1844.
  10. Léon est le fils de Félicité et Louis Daniel Constant Duméril.
  11. Auguste Duméril et sa famille séjournent à Trouville durant l’été.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 2 septembre 1859. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Charleville) à son fils Louis Daniel Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_2_septembre_1859&oldid=57873 (accédée le 10 octobre 2024).

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