Vendredi 2 juillet 1841
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Ingouville) à sa femme Alphonsine Delaroche (Paris)
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Ingouville 2 juillet 1841
Ma Chère amie,
Il est onze heures du matin et je n’ai pas reçu un mot de toi, comme je l’avais espéré. Nous ne sommes pas allé à Honfleur ce matin. Le temps étant fort incertain hier, il avait été décidé que la partie serait remise à vendredi, et nous avons très bien fait car il est encore aujourd’hui dans les brouillards. cependant le baromètre étant fort remonté M. delaRoche[1] espère que nous pourrons prendre le bateau à vapeur qui partira à huit heures et demie de manière à faire notre retour vers une heure.
Aujourd’hui nous dînons chez Madame de Tarlé[2], toute la famille DelaRoche et moi – et samedi, outre le grand dîner qui doit avoir lieu à la côte, avec les famille Dunoyer et de Tarlé, il y a grande réunion ou invitation pour la soirée.
Hier, dès le matin le temps ne m’a pas permis de faire d’excursion. je suis descendu en ville avec cécilia[3] pour aller déjeuner à la citadelle ; de là et après le déjeuner, j’ai visité le jardin hors des murs avec toute la maisonnée. M. delaRoche m’avait donné rendez-vous au Cercle du commerce où je lisais les journaux. il est venu m’y prendre en voiture car il pleuvait très fort et il m’a conduit dans une grande fabrique de forge dans laquelle on tire le fer en barre. puis il m’a ramené à la côte. j’ai passé quelques moments chez Mme Latham[4] et après le dîner Madame DelaRoche[5] m’avait arrangé une soirée au concert qui avait lieu au local des bains de Frascati au profit d’une dame Willent-Bordogni et autres artistes musiciens. madame DelaRoche prenait intérêt à la Dame qui a donné il y a quelques années des leçons à sa fille, avant son départ pour l’amérique du nord où elle a fait un séjour de deux années. il y avait peu de monde et trop peu pour qu’une danse annoncée ait pu avoir lieu. nous y étions allés en voiture et nous en sommes revenus à 10 heures.
ce matin j’ai fait une assez longue promenade dans le voisinage avec M. DelaRoche qui m’a donné rendez-vous en ville vers les une heure pour me conduire à un autre établissement de fonderie où l’on coule et lamine le cuivre pour le doublage des navires. je dois aussi aller chez Madame Viel[6] en ville, afin d’y voir un Caïman ou crocodile vivant, qu’elle m’a offert lorsque je suis allé la voir à colmoulins[7]. je reviendrai ensuite m’habiller pour redescendre et aller dîner à la Citadelle.
Le temps ayant été très froid tous les jours et quoique je me sois vêtu fort chaudement, j’ai un peu plus toussé. le fait est qu’il n’y a réellement aucun changement ni en bien ni en mal. je dors très bien. je mange beaucoup plus que d’ordinaire et j’ai dit-on meilleure mine qu’à mon arrivée.
je suis toujours enchanté du site de la côte et des jolies propriétés qui ornent ce pays et surtout de celles de la famille que je connaîtrai maintenant assez bien pour en conserver un bien agréable souvenir, même pour les détails.
Madame DelaRoche m’a témoigné vivement le désir de voir Auguste[8] profiter des fêtes de juillet pour venir ici assister à ce qu’on nomme je crois la Régate, ce sont des réjouissances publiques dans lesquelles il y a assaut de courses en mer sur des chaloupes montées par des matelots très habiles de navires baleiniers.
je vais descendre en ville porter ce billet et faire les courses dont je t’ai parlé. Madame DelaRoche est venue tout à l’heure me prendre pour revisiter la belle campagne de M. Boisgérard que je connaissais déjà ; mais afin d’engager madame Dunoyer à la voir pendant l’absence des propriétaires. c’est en effet une campagne charmante que Mme DelaRoche regrette de n’avoir pas été achetée par les Latham à l’époque où ils se sont décidés à faire construire et enclaver celle qu’ils possèdent.
adieu, il est probable que je ne t’écrirai pas si je vais demain à Honfleur. car ma lettre de Dimanche te serait portée par la malle qui nous conduira. Ton ami
Notes
- ↑ Michel Delaroche, frère d’Alphonsine.
- ↑ Suzanne Carondelet, épouse d’Antoine de Tarlé.
- ↑ Cécilia Latham.
- ↑ Pauline Élise Delaroche, épouse de Charles Latham.
- ↑ Cécile Delessert, épouse de Michel Delaroche.
- ↑ Probablement Pauline Bridon de La Maillardière, épouse de Just Viel.
- ↑ Petit Colmoulins (écrit ici col-moulin), est un lieu-dit d’Harfleur.
- ↑ Auguste Duméril, fils d’André Marie Constant Duméril, né en 1812 et encore célibataire.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p. 25-28)
Annexe
Madame,
Madame Duméril
7 rue Cuvier
Paris
Pour citer cette page
« Vendredi 2 juillet 1841. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Ingouville) à sa femme Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_2_juillet_1841&oldid=61425 (accédée le 21 novembre 2024).
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