Vendredi 28 avril 1876

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à leur petite-fille Marie Mertzdorff (Paris)

original de la lettre 1876-04-28 pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-04-28 pages 2-3.jpg


Morschwiller 28 Avril 1876.

Ma bonne petite Marie,

Hier soir en recevant la lettre de ton bon père[1], je me sentais bien agitée mais de suite en lisant la ligne au crayon qui annonçait ton succès, j’ai remercié Dieu, et ce matin je viens te dire combien nous sommes heureux et combien nous avons le besoin de t’adresser toutes nos félicitations. Voilà ma chère enfant, le résultat de ton travail auquel tu t’es livrée si courageusement. En regardant ton bon père, ta tante et ton oncle[2], ton cœur est rempli d’une douce joie parce que tu peux juger du bonheur que tu leur donnes ; bonheur que nous sentons si vivement et dont tu verrais l’empreinte sur nos figures si tu étais ici. Voilà enfin le moment qui approche, ma bonne petite Marie, où nous pourrons être réunis. J’attends une lettre de ma sœur[3] afin de pouvoir fixer le jour de notre départ parce que nous désirons beaucoup nous retrouver avec elle et ses enfants[4] à Paris.

Monsieur et Madame Tachard[5] sont de retour à Morschwiller depuis quelques jours, j’ai été les voir ayant une requête à leur présenter au sujet d’un employé de la fabrique. Marie et Pierre[6] étaient tous deux retenus au lit par une forte indisposition. Madame Tachard m’ayant proposé d’aller les voir, j’ai pu leur parler à tous deux. Marie m’a bien recommandé de la rappeler à ton souvenir, à celui d’Emilie[7] et de vous dire qu’elle vous aime bien. Marie Tachard n’a plus l’air d’un enfant tant elle est grande et forte pour son âge, elle n’a que quatorze ans et demi.

Adieu chère et bonne petite Marie nous vous embrassons tous bien tendrement. Mille remerciements à ta chère tante pour la bonne lettre qu’elle vient de m’écrire

Félicité Duméril

Je veux aussi joindre quelques lignes à la lettre de ta bonne-maman pour ajouter mes félicitations aux siennes & te dire que j’ai pris ma bonne part à la satisfaction qu’elle t’exprime, mieux que je ne saurais le faire, de te savoir sortie victorieuse de l’épreuve que tu viens de subir & dont le résultat a été si satisfaisant pour toi & pour tous ceux qui t’aiment & tu sais que, dans ceux-là, nous figurons pour notre bonne part. Jouis bien maintenant de ton succès & repose-toi un peu de ton travail ; tu en as le droit & fais-toi de bonnes joues pour nous recevoir ; tu n’as pas de temps à perdre pour cela car je pense que nous serons à Paris dans une huitaine de jours.  

Quant à Emilie, la petite ambitieuse, elle a à ce qu’il paraît la prétention d’avoir encore le prix cette année & elle travaille pour cela, fais-lui en notre compliment & embrasse-la bien pour nous en attendant que nous le fassions de notre propre bouche.  

J’ai passé la journée d’hier à Vieux-Thann & c’est en rentrant que j’ai appris la bonne nouvelle. Les travaux avancent bien au moulin ; plusieurs chambres sont déjà tout à fait prêtes, mais les quatre qui regardent le couchant ne peuvent pas se terminer parce que les murs qu’on vient d’enduire en ciment, sont encore humides et le papier s’y gâterait : pendant que nous serons à Paris on les terminera & les peintures auront le temps de sécher : le cousin Georges[8] fait faire de grands changements dans le jardin qui deviendra bien plus joli, il a fait abattre beaucoup d’arbres & le soleil y pénètre facilement maintenant ; il n’a pu l’air d’un cimetière.  

Adieu ma chère enfant soit notre interprète auprès de ton entourage pour distribuer nos amitiés & respects.
Ton vieux grand-père
C. Duméril


Notes

  1. Charles Mertzdorff.
  2. Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
  3. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  4. Adèle Duméril, son époux Félix Soleil et leurs cinq enfants.
  5. Albert Tachard et son épouse Wilhelmine Grunelius.
  6. Pierre Albert Tachard.
  7. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  8. Georges Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 28 avril 1876. Lettre de Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à leur petite-fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_28_avril_1876&oldid=52358 (accédée le 15 novembre 2024).

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