Vendredi 24 février 1871 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à Félicité Duméril (Morschwiller)


original de la lettre 1871-02-24 (B) pages2-3.jpg original de la lettre 1871-02-24 (B) adresse.jpg


Vieux-Thann[1]

24 février

Chère bonne-Maman,

Nous aussi nous avons été bien heureux de notre bonne journée passée avec vous, les petites chéries[2] se sont bien amusées, et ont conté à tout le monde combien bonne-maman avait été bonne pour elles, et comme c'était amusant de faire des petits gâteaux.

Ne vous préoccupez pas de ma santé, mon petit malaise est passé ; la tante Mertzdorff[3] n'étant revenue qu'hier soir de Mulhouse par l'omnibus, j'ai eu une bonne journée pour me reposer en écrivant et rester tranquille sans être obligée de causer, et vous savez, par expérience, que c'est dans le travail et le calme qu'on repuise de nouvelles forces.

J'ai eu le bonheur de recevoir une bonne lettre de maman[4] du 18 ; toujours même résignation ; même courage et douceur d'expression ; elle me parle de vous, et me charge de vous faire ses tendres amitiés. Après m'avoir parlé de notre Julien et de son calme, elle ajoute « combien elle conservera une profonde reconnaissance à Paul Duméril qui a été si bon de nous transmettre tous les détails dont nous étions si avides ». Les obus pleuvaient tellement dans le fort le 5 janvier que l'homme chargé de prévenir mes pauvres parents n'a pas pu sortir.

Je vous remercie pour les 3 douzaines d’œufs, je remets dans le panier la morue que j'avais fait acheter pour notre maison, j'en ferai reprendre une autre, je joins aussi les manchettes.

Chacun vous remercie de votre bon souvenir, Mmes Heuchel[5], Mertzdorff vous envoient leurs compliments.

Nous continuons à rester dans l'intention d'aller à Colmar la semaine prochaine, c'est-à-dire les fillettes et moi du Mardi au Jeudi. Mme Zaepffel[6] nous fait dire combien elle se réjouit de revoir ses petites nièces[7].

Merci pour les jolies manchettes que vous m'avez faites.

Adieu, chers bons parents[8], nous sommes bien heureux d'avoir pu vous porter de bonnes nouvelles de Léon[9]. Nous vous embrassons de cœur.

Eugénie M

Cécile[10] vous remercie bien de votre bon souvenir, la bonne fille fait toujours ce qu'elle peut pour que chacun soit content.


Notes

  1. Lettre rédigée sur papier deuil.
  2. Marie et Emilie Mertzdorff.
  3. Caroline Gasser, épouse de Jean Frédéric Mertzdorff.
  4. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers, dont le fils, Julien Desnoyers, a été mortellement blessé le 5 janvier au fort d’Issy.
  5. Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
  6. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.
  7. Marie et Emilie Mertzdorff.
  8. Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril.
  9. Léon Duméril.
  10. Cécile, bonne des petites Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Annexe

avec un panier

Madame Duméril

à Niedermorschwiller

Pour citer cette page

« Vendredi 24 février 1871 (B). Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à Félicité Duméril (Morschwiller) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_24_f%C3%A9vrier_1871_(B)&oldid=51598 (accédée le 21 novembre 2024).

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