Vendredi 23 août 1901

De Une correspondance familiale



Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Le Touquet), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne)


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Le Touquet 23 Août

Ma chère petite Mie,

Que tu es bonne de m’écrire si souvent malgré tout ce que tu as à faire en l’absence de tes femmes de chambre. J’ai trouvé ta gentille lettre hier soir en rentrant de Campagne où j’étais allée rencontrer mon mari[1] ; il y était arrivé la veille et j’ai le bonheur de l’avoir ici pour deux jours. Malg Ces petites apparitions nous paraissent bien bonnes, mais cela lui fait des vacances bien coupées, bien peu reposantes. Il est particulièrement tenu depuis que notre régiment est divisé en deux portions et je ne sais quand il arrivera à avoir un congé d’une certaine durée. Il compte passer quelques jours, probablement du 1er au 6, à Brunehautpré pour l’ouverture de la chasse et nous nous y transportons tous le Samedi 31. Je t’ai dit, n’est-ce pas, qu’il ferait les manœuvres ; il est attaché au 73e d’infanterie et est content car cela lui fera voir du nouveau.

Je voudrais bien que Jacques[2] puisse voir la magnifique revue du czar qui terminera les manœuvres[3], quant à moi, je crois que je reculerai devant l’encombrement et la difficulté des communications, du coucher & ne pouvant aucunement compter sur l’assistance de Damas.

J’arrive au but principal de ma lettre : tu sais que vous nous devez depuis longtemps une visite à Brunehautpré : ce sera tout à fait le moment de nous la faire la semaine prochaine et nous comptons absolument sur vous tous avec trois fusils[4]. Il y a des perdreaux, dit-on, et Charles s’amusera. Si vous avez des chiens d’arrêt, amenez-les. Il vaut bien mieux que vous veniez chez nous au début de la chasse, c’est le moment amusant pour la chasse en plaine tandis qu’elle sera aussi agréable dans les bois de Livet un peu plus tard.

Vous ne nous refuserez pas ce plaisir, n’est-ce pas, nous serions si, si contents de vous avoir pour quelques jours et de penser que Charles aurait quelque agrément chez nous.

J’espère que Damas pourra revenir tout de suite après les manœuvres, vers le 20 ou 21 mais il sera forcé de retourner à Douai vers le 25 pour [un jour ou deux] à cause de la libération de la classe.

Mes misères paraissent tout à fait passées. Françoise[5] a eu un peu d’embarras d’estomac cette semaine, c’est vraiment curieux, cependant nous faisons bouillir notre eau et d’ailleurs Françoise ne boit jamais que du lait.

Adieu, ma bonne chérie, je t’embrasse tendrement ainsi que tes chères filles[6]. Damas vous envoie toutes ses amitiés et j’y joins les miennes pour le papa et les fils.

Émilie


Notes

  1. Damas Froissart.
  2. Jacques Froissart.
  3. Dans le cadre de l’alliance militaire franco-russe, le tsar Nicolas II doit participer à la phase terminale des grandes manœuvres de l’Est le 19 septembre 1901.
  4. Trois fusils pour Marcel de Fréville et ses fils Robert (19 ans) et Charles (17 ans) (« le papa et les fils »).
  5. Françoise Maurise Giroud, veuve de Jean Marie Cottard, est employée par les Froissart.
  6. Jeanne, Marie Thérèse et Françoise de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Vendredi 23 août 1901. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Le Touquet), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_23_ao%C3%BBt_1901&oldid=58672 (accédée le 15 novembre 2024).

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