Vendredi 21 juillet 1871 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1871-07-21B.jpg


Montmorency[1]

Vendredi 1h ½

Merci, mon bon chéri, pour ta bonne lettre écrite au retour de ta course à Sigolsheim, malgré la fatigue que tu devais ressentir, car tu as eu la journée la plus chaude pour ton expédition. Il faut espérer qu'elle ne sera pas inutile, et je te remercie toujours de me tenir si bien au courant de tes faits et gestes.

Depuis Mardi nous n'avons pas quitté le Cottage si ce n'est hier 2h pour faire une bonne promenade à pied autour du lac d'Enghien, il faisait très agréable à marcher, et cette petite course a amusé nos fillettes[2]. Nous avons constaté partout les dégâts des Prussiens... mais le plus honteux, ce sont les vols des concitoyens français entre eux ! Celui qui n'avait qu'un matelas, a maintenant un lit de 2 mètres de haut, un autre a des glaces !!!

Au retour nous avons repris au chemin de fer certain panier de groseille, qui par malentendu, a eu le plaisir de se convertir tout seul en confiture, au lieu d'aller emplir les pots de tante Aglaé[3].

Demain nous avons rendez-vous à 9h chez M. Pillette[4]. Je pense aller demander à déjeuner à Constance[5] rue de Rome, puis monter rue de Parme[6] et regagner le chemin[7] du Nord, où nous aurons peut-être la chance de rencontrer quelques des nôtres venant au Cottage.

Émilie t'écrit[8] tout en jouant avec l'encrier. Les deux fillettes s'amusent bien ici avec lapins, poulets && elles ont gagné tous les cœurs. Ce matin, Marie a fait une dictée et une division mauvaises et lu de l'histoire. Tout cela c'est du travail à l'eau de rose, nous reprendrons à la maison avec plus de plaisir.

Si tu ne craignais pas les paquets, je te dirais que le coucou qui est dans la chambre d'étude ferait très bien dans la salle à manger du Cottage, jusqu'à ce que nous l'emportions à Launay ? Tu verras.

Adieu, Ami chéri, reçois les tendresses de tu sais bien qui t'aime de toutes ses forces.

Ta Nie

Maman[9] me charge toujours de ses amitiés pour mon cher mari.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Marie et Émilie Mertzdorff.
  3. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  4. Ernest Pillette, dentiste.
  5. Constance Prévost, épouse de Claude Louis Lafisse.
  6. Rue de Parme où résident Caroline Gasser et son époux Frédéric Mertzdorff.
  7. Le chemin de fer du Nord.
  8. Voir la lettre d’Émilie et Marie Mertzdorff, du 21 juillet.
  9. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 21 juillet 1871 (B). Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_21_juillet_1871_(B)&oldid=61670 (accédée le 22 décembre 2024).

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