Vendredi 21 juillet 1871 (A)
Lettre d’Emilie Mertzdorff, complétée par sa sœur Marie (Montmorency) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
21 Juillet 1871.
Mon cher papa,
C'est moi qui t'écris aujourd'hui.
Je vais te raconter notre journée d'hier c'est à dire une charmante promenade autour du lac, nous avons bien dit que nous te la ferions faire. Je pense que maman[2] ou Marie[3] t'auront raconté l'histoire du panier de groseilles de tante[4] elle on ne lui a pas donné quand elle est partie d'Enghien, aussi y avons-nous été hier et nous l'avons rapporté à la maison, mais les groseilles étaient si pourries qu'on les a jetées au fumier. Nous avons donc fait une charmante promenade, nous été à l'église d'Enghien, elle est charmante, et là nous avons été au lac ; il était magnifique, je le ne me le rappelais plus du tout.
Avant-hier Mercredi nous avons été au marché, maman maman m'a acheté une charmante petite fontaine dans laquelle on peut mettre de l'eau, il y a un joli petit robinet, c'est délicieux. Ce matin en nous réveillant maman nous annonce que les poules de tante sont arrivées, il y a trois poules et un coq, Marie était très intriguée de savoir combien de poules il y avait, de quelle couleur était le coq. Maman lui disait de se lever pour aller les voir, mais elle aimait que maman lui raconte réponde à ce qu'elle demandait et savoir tout sans bouger de son lit.
9h ½. Je viens d'apprendre mes leçons et je vais faire de la galette. 11h Mon cher papa ma galette cuit, si tu étais ici tu t'en régalerais car elle a l'air fort bon.
Il y a une poule qui veut couver aussi l'avons nous bien arrangée, elle est maintenant installée sur son lit. Mon estomac commence à se creuser je sens l'heure du déjeuner. Ce qui m'occupe beaucoup en ce moment c'est d'apprivoiser un petit lapin que bonne-maman[5] m'a donné me permettras-tu de l'emporter à Vieux-Thann ? oh ! oui n'est-ce pas. Mon lapin est très gentil, il vient sur mes genoux, il m'embrasse c'est à dire qu'il frotte son museau contre moi, alors c'est à mon tour de le caresser.
J'ai très-bien mangé, la galette était très-bonne, on a fait du thé au lieu de café pour que la galette soit meilleure. Quand tu verras mes amies[6] tu leur feras toutes mes amitiés. Adieu mon cher père je t'embrasse extrêmement fort Marie en fait autant. Cécile[7] te fait dire bien des choses.
Ta petite Founichon chérie.
Cher papa je profite de la page blanche pour t'écrire quelques mots et t'embrasser bien fort. Emilie te dit tout ce qu'il y a à te dire et moi j'ajoute à l'histoire des poules qu'elle dit que j'ai voulu connaître avant de me lever, qu'elle en a fait autant. Comme tu sais nous allons demain à Paris nous ne reviendrons pas tard n'ayant aucune course à faire nous irons probablement visiter tante Mertzdorff[8].
Adieu cher père je t'embrasse comme je t'aime et pense souvent au moment qui nous réunira
ta petite Marie M.
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Marie Mertzdorff.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Marie et Hélène Berger.
- ↑ Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
- ↑ Caroline Gasser, épouse de Frédéric Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 21 juillet 1871 (A). Lettre d’Emilie Mertzdorff, complétée par sa sœur Marie (Montmorency) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_21_juillet_1871_(A)&oldid=54505 (accédée le 22 décembre 2024).
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