Vendredi 20 juin 1794, 2 messidor an II
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens)
N° 68
Du 2 du Messidor an 2 de la république
Papa,
Vous aviez, ou vous auriez, peut-être appris que tous les officiers de santé de la commune de Rouen, employés ou non dans le service des hôpitaux, civils ou militaires, ont été demandés au bureau municipal, en conformation d'une lettre du comité du salut public qui leur a délivré des notes à remplir par lesquelles ils déclarent la division de l'art de guérir à laquelle ils se sont livrés. Leurs noms, prénoms, âge, lieu de naissance, lieu de résidence, emplois occupés antérieurement, l'état des parents, état du service etc. Je ne crois pas qu'il y ait de l'inquiétude à avoir. Il est probable que la mesure a été générale ; on a débité, sans fondement ici que l'intention était de faire partir pour la marine, et il paraît au demeurant que c'est la loi du 1er Août 1793 qui subit un second effet ; parce que le ministre n'aura point mis tout l'ordre nécessaire dans cette partie de son administration, que la nouvelle commission de santé aura réorganisée[1]. Au reste j'ai fait ce que j'ai pu pour voir éclater la bombe, et me mettre à l'abri, j'espère que vous voudrez bien m'aider si cela se peut. J'ai eu une conférence particulière avec le chirurgien en chef de l'hospice[2], dans lequel j'ai trouvé un ami et qui le dit lui-même. Je suis convenu avec lui que nous attendrions la nouvelle commission de santé, qui doit arriver ces jours-ci, pour l'établissement d'hôpitaux militaires dans cette commune ; que nous nous expliquerions avec les membres qui la composent, que ne désirant que l'occasion de m'être utile, il serait le 1er à demander lui-même une place pour moi dans les hôpitaux militaires, si on lui témoignait qu'il y eût le moindre danger. Qu'il m'invitait par avance à venir manger avec eux, chez lui s'il pouvait avoir le plaisir de les traiter ; et que dans tous les cas, il se ferait un honneur de me présenter comme son élève. D'après ce, s'il vous était possible de faire parler au citoyen Biston ou Pacotte cela les préviendrait en ma faveur. Je suis ici en pied, comme j'ai même trouvé l'occasion de montrer ce que je savais devant les officiers de santé, de l'hospice militaire établi ici et je suis prêt à subir tout examen. J'ai des certificats en bonne forme[3]. Il me faut un appui je vous le demande. Auguste[4] m'a mandé qu'ils devaient venir me voir ou plutôt <>. Ce sera pour moi occasion de m'aboucher.
J'attends de vous que vous ferez tout ce qui sera en votre pouvoir et que vous n'y épargnerez rien. Je vous embrasse ainsi que maman[5].
Votre fils Soumis Constant Duméril
Chirurgien interne et prévôt d'anatomie en l'amphithéâtre de l'hospice d'humanité.
Réponse aussitôt que vous aurez fait quelque chose afin que je sache sur quoi compter, mais surtout rien de déterminé sur les dangers que je pourrais courir.
Notes
- ↑ Les ministères sont supprimés et remplacés par la commission du 20 avril 1794 (1er prairial an II).
- ↑ Jean Baptiste Laumonier.
- ↑ Voir la lettre du 8 décembre 1793.
- ↑ Auguste Duméril (l’aîné), frère d’André Marie Constant.
- ↑ Rosalie Duval.
Notice bibliographique
D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 142-144
Pour citer cette page
« Vendredi 20 juin 1794, 2 messidor an II. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à son père François Jean Charles Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_20_juin_1794,_2_messidor_an_II&oldid=35860 (accédée le 9 décembre 2024).
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