Vendredi 15 mars 1901
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
Douai 15 Mars 1901
Ma chère Marie,
Nous sommes tout heureux de voir ce soir que le duel n’aura pas lieu, grâce à la vigilance de la police Vaudoise[1]. Braves petits Suisses, j’ai envie de leur envoyer des félicitations. Dieu veuille que le fou se tienne pour satisfait et ne recherche pas de nouvelles chicanes à son trop honnête adversaire. Je n’ai fait que penser à ces pauvres Buffet toute la journée et c’est un vrai soulagement de savoir cette affaire terminée sans combat.
J’aurai encore un autre soulagement quand l’opération de M. de Bailliencourt[2] sera faite ou qu’on l’aura déclarée inutile ; on s’attend à ce qu’elle ait lieu Lundi ; il va bien et a une mine excellente, mais sa pauvre femme est malade pour lui, elle se ronge. Sa pauvre figure maigrie fait peine à voir, elle ne mange plus et son pauvre estomac si délicat se ressent lamentablement de toutes ces émotions.
Notre retraite finit demain matin, elle m’a fait grand plaisir ; j’ai malheureusement manqué les 2 séances d’hier parce que j’ai été à Lille avec Lucie[3] (j’avais manqué la séance du matin pour cause de somme prolongé ayant été au bal la veille). Lucie devait essayer un corset, je voulais aussi la mener chez le dentiste qui l’a renvoyée une fois de plus en lui disant qu’elle était une bien mauvaise cliente. Je voulais aussi mener Jacques[4] chez un médecin et l’ai fait sortir de midi à 2 heures. On va laisser pendant un mois les pilules de corps thyroïde pour le mettre au fer ; il a certainement beaucoup plus d’activité, de nerf et sent beaucoup moins l’influence de ses nerfs. (Il a été avant-hier, tout seul, se faire arracher une dent et n’a point dit un mot, tandis que l’an dernier il faisait une [scène] pour chaque séance du dentiste). Le médecin lui trouve la circulation plus active et le sang plus vigoureux mais toujours pas de croissance bien manifeste. Je crois pourtant qu’il ne faut pas se décourager.
J’ai encore d’autres lettres à écrire. Je t’embrasse bien vite et bien fort. Mille amitiés à tous. Damas[5], très heureux que vous ayez approuvé sa lettre, vous envoie ses bons souvenirs. Il pense un peu aller à Campagne demain pour 24 ou 48 heures s’il le peut.
Nestor et Élodie[6] ont tous les deux mal à la gorge et devraient être au lit néanmoins ils font un peu de leur besogne aidés par l’ordonnance et une femme de ménage.
Émilie
Ci-joint des documents fort intéressants sur la famille Jupin[7] à l’adresse de Marie Thérèse[8].
Notes
- ↑ Un duel était prévu entre Paul Déroulède (« le fou ») et André Buffet, suite à une querelle entre royalistes.
- ↑ C F J B de Bailliencourt, dit Courcol, est mentionné comme lieutenant de réserve à Douai en 1903. L'épouse de Charles de Bailliencourt (1873-1928) est Inès Wagner (1873-1927).
- ↑ Lucie Froissart.
- ↑ Jacques Froissart, pensionnaire.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Nestor Bricout et son épouse Élodie Lecomte, au service des Froissart.
- ↑ Hypothèse : le violoniste et compositeur Charles-François Jupin (1805-1839).
- ↑ Marie Thérèse de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Vendredi 15 mars 1901. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_15_mars_1901&oldid=54460 (accédée le 21 novembre 2024).
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