Vendredi 14 avril 1916
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne)
14 Avril 16
Mon cher Louis,
Nous avons été très heureux de recevoir ta bonne lettre hier. Tout ce que tu nous dis sur les nouveaux arrivés nous intéresse vivement. Ton papa[1] t'en a déjà remercié hier.
Il me charge aujourd’hui de te demander d’aller de vouloir bien t'enquérir auprès du Bureau du Commandant du Dépôt si un jeune homme (dans l'espèce Victor Blaud) de la classe 16, ajourné, qui se présenterait pour s'engager au 41e venant d'un pays dépendant du Bureau de recrutement de Saint Omer peut être admis à s'engager illico à condition d'apporter les pièces nécessaires, et bien que n'ayant que 1m 60 de taille environ, mais étant d'une solidité peu commune. Il désire s'engager afin de choisir son arme mais ne voudrait pas faire les frais du voyage de la Braconne sans la certitude de pouvoir s’engager. Le fait qu'il connaît bien les chevaux l'aiderait sans doute à obtenir l'Artillerie et ce serait, à tout prendre, une bonne recrue pour l'artillerie.
Nous sommes menacés, tu vois, de le voir partir à bref délai, aussi avons-nous fait un arrangement avec Alphonse Painthiaux qui le remplacera dans la mesure où ses forces et ses aptitudes le lui permettront.
En ce moment nous avons, en plus, le mari de Lina[2] qui a une convalescence d'un mois : il a le doigt du milieu de la main droite raide et le 2e peu mobile. Il croit cependant qu'on le renverra au front et paraît très disposé à y retourner.
Je voudrais bien que tu soignes ta jambe et ne laisses pas ce bobo s'envenimer. J'espère que tu as passé la visite comme tu paraissais en avoir l'intention.
Ton papa t'a-t-il dit que M. le Curé de Saint Hippolyte[3] est, en effet, mobilisé, mais n'a pas encore d'attributions ? il n'a qu'à se présenter au B.C.M. matin et soir, mais il sera prochainement affecté à un hôpital à Paris, si je comprends bien, de sorte qu'il pourra peut-être ? encore s'occuper un peu de la paroisse, ou du moins exercer de haut une surveillance toujours utile. Cela va être encore un surcroît d'occupations pour M. l'Abbé[4] !
Nous avions vu le nom de Co[5] dans les rescapés du Sussex mais ne le savions pas blessé.
Ton papa, paraît-il, ne t'a pas dit que M. le Curé lui demande d'organiser avant son départ pour l'hôpital une réunion du comité de la section de Gymnastique « qui marche très bien ». Il demande une réunion sous la présidence de ton papa un de ces prochains Dimanches, et ton papa va lui proposer ce soir par téléphone Dimanche prochain.
J'espère bien te voir dans peu de jours, mon petit, ce sera bon !
Je t'envoie un pâté de lapin en boîte qui pourra attendre ton retour si ton départ est prochain.
Je t'embrasse tendrement.
Emy
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 14 avril 1916. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_14_avril_1916&oldid=61319 (accédée le 22 décembre 2024).
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