Vendredi 10 octobre 1806
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à sa belle-mère Rosalie Duval (Amiens)
N°174
Paris le 10 Octobre 1806
Ma très chère Maman
Je m’empresse de vous faire part des nouvelles que nous venons de recevoir de notre frère Auguste[1]. Il écrit de Naples où il était depuis deux jours, et qu’il devait quitter le soir même pour retourner à Chieti ; il paraît un peu fatigué de tous les voyages qu’on lui fait faire, disant que depuis deux mois il a parcouru plus de 300 lieues dans le Royaume de Naples ; cependant il paraît fort content du pays qu’il vient de voir et qu’il dit être superbe. Il parle d’un grand changement fort prochain dans leur administration et auquel il croit devoir attribuer ses voyages continuels ; il dit qu’il n’a pourtant qu’à se louer de la conduite des ordonnateurs sous lesquels il a travaillé et qui lui ont donné souvent des témoignages de véritable attachement ; l’un d’eux est allé avec lui jusqu’à LagroNegro et ils sont revenus à Naples ensemble.
Il recommande à Constant[2] de ne pas l’oublier s’il se présentait un Hospicecivil à Paris. Voilà ma chère Maman les nouvelles que nous avons d’un frère auquel je suis déjà attachée quoique je ne le connaisse point encore et que je suis bien impatiente de connaître ; il nous recommande de faire mille compliments de sa part à toute la famille.
Vous saurez que c’est aujourd’hui que Constant a fini son cours au Jardin des Plantes, il vient de rentrer fort content des témoignages de satisfaction que lui ont donnés ses élèves qui étaient très nombreux. Maintenant il n’aura point de leçons à faire jusqu’au premier Novembre, époque où commencera son cours à l’Ecole de Médecine. Il est extrêmement content de sa santé, et ne sait presque plus ce que c’est que la migraine, vous jugez combien j’en jouis pour lui, et désire que la mauvaise saison ne ramène pas cette indisposition. Quant à moi il me semble remarquer que depuis quelques jours je suis un peu moins mal à mon aise, je suis bien impatiente d’arriver au moment où les maux de cœur cesseront, il me semble que je serai une tout autre personne. On trouve que je grossis d’une manière assez visible. Voici bien des détails sur nos santés. Nous espérons que les vôtres sont bonnes. On dit que Mlle Reine[3] a beaucoup engraissé. Veuillez dire à cette aimable sœur que j’ai reçu sa lettre dont je la remercie beaucoup. Nous voudrions bien qu’elle se laissa emmener par Mme Dumont[4] à qui nous en avons donné la commission. Nous sentons bien que ce serait pour vous une grande privation mais vous comprenez quelle joie nous goûterions à la voir.
Nous vous prions de présenter nos compliments respectueux à notre cher papa[5], et de vouloir bien recevoir ma très chère Maman l’assurance du tendre attachement et de tout le dévouement de vos deux enfants.
Alphonsine Duméril
Ne nous oubliez pas auprès de notre frère Désarbret[6] et veuillez faire mille compliments de notre part à Mme Duval[7], que nous n’avons point vue autant que nous l’aurions désiré.
Notes
- ↑ Auguste (l’aîné), frère d’AMC Duméril.
- ↑ André Marie Constant Duméril.
- ↑ Reine Duméril, sœur d’André Marie Constant.
- ↑ Rosalie Rey épouse de Charles Dumont de Sainte-Croix.
- ↑ François Jean Charles Duméril.
- ↑ Joseph Marie Fidèle dit Désarbret, frère d’AMC Duméril.
- ↑ Flore Maressal, épouse d’Augustin Duval.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p.158-161)
Annexe
A Madame
Madame Duméril
Petite rue saint Rémy
A Amiens
Pour citer cette page
« Vendredi 10 octobre 1806. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à sa belle-mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_10_octobre_1806&oldid=60203 (accédée le 22 décembre 2024).
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