Vendredi 10 avril 1874
Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)
Vendredi le 10 Avril 74[1]
Ma chère Marie
Hier j'ai reçu ta bonne lettre qui me met bien au Courant de ce que vous faites ; ce qui fait toujours bien plaisir au père.
Mais avant d'aller plus loin dans ma correspondance, que je confesse de suite une grosse faute. Oubli de m'occuper de Mlle Communaux[2] de Bischwiller pour laquelle Mme Festugière[3] s'intéresse, mais je vais tâcher de réparer l'oubli & si Vogt[4] n'avait pas été à la forge avec ses chevaux j'y serais allé de suite avant de terminer ma lettre, j'irai cet après-midi & si possible vous porterai ces chers papiers.
Oui je vous embrasserai Dimanche matin de bonne heure, car je pense quitter Samedi soir d'ici pour aller t'embrasser pour tes 15 ans[5]. Malheureusement je n'aurai que peu de jours à vous donner & ne passerai qu'une semaine avec vous, le 19 Dimanche matin je compte prendre le chemin de Nancy où j'ai pour le Lundi suivant 20 une réunion pour l'usine de Senones & à laquelle je tiens à assister, en même temps je passerai deux soirées avec les Zaepffel[6].
Le Mardi c'est-à-dire le lendemain de la réunion je rentrerai ici. C'est pour cette raison que je me suis décidé à partir plus tôt que je ne pensais.
Si je remettais mon voyage pour le 20 & après cela ce séjour serait trop rapproché de celui de Mai qui sera alors lui beaucoup plus long.
C'est donc demain soir déjà que je me mets en route & après-demain les becs.
Hier une réunion m'a conduit à Cernay, j'ai profité de cette petite course pour pousser jusqu'à Wattwiller où j'ai vu les Henriet[7], Mme est toujours souffrante elle n'a pas bonne mine, chez cet elle il y a beaucoup d'anémie provoquée par sa manière de vivre. Mais enfin elle ne va pas bien du tout, elle tousse et est très affectée. Lorsque je suis auprès de ces bons amis, j'ai bien de la peine à quitter & il était 7h passées lorsque je suis rentré à Vieux-thann. Il est vrai que j'ai dû aller voir au long tous les Improuvements qu'a faits M. Lehmann dans son hôtel des bains. Avec peu de frais il a fait quelques bons changements qui lui seront utiles. Mais pour ce qui est de mes intérêts dans cet établissement je n'ai pas encore pu obtenir une régularisation.
Chez Mme Henriet j'ai rencontré le curé de Wattwiller[8] & un peu plus tard arrive M. Roullet, Jésuite que vous avez connu. Ce père Jésuite va aller à Conflans la semaine prochaine la Demoiselle pour laquelle votre maman[9] payait une petite somme chaque année va faire ses vœux & sera Dame du Sacré cœur.
Je ne sais rien de la famille Berger, je pense que Mme Julie[10] est à Paris comme elle en avait le projet, mais n'ai rien d'assuré.
Vous voilà maintenant au Courant de mes projets & que j'aurai dans bien peu de jours le plaisir de vous embrasser pour de vrai & non comme aujourd'hui par procuration du papier. Je me réserve de vous conter que l'on plante des Pommes de terre en ce moment, qu'il a fait un peu froid cette nuit & que nous mangeons depuis quelques jours des asperges & des carottes.
Jules Heuchel est en vacances auprès de ses grands-parents[11], il paraît qu'il ne s'est pas beaucoup amendé & que les pauvres parents sont toujours aussi malheureux avec lui du reste c'est le dernier séjour qu'il doit faire à Vieux-Thann pour l'automne il ira à Troyes auprès de son oncle.
Mais je continue & cependant depuis assez longtemps l'on m'attend à la serrurerie.
Je vous embrasse bien fort.
Charles Mff
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Marie Anne Communaux.
- ↑ Cécile Target, veuve de Georges Jean Festugière ; elle a fait demander l’acte de naissance de Marie Anne Communaux qui va se marier.
- ↑ Ignace Vogt, cocher de Charles Mertzdorff.
- ↑ Marie Mertzdorff est née le 15 avril 1859.
- ↑ Edgar Zaepffel et son épouse Emilie Mertzdorff.
- ↑ Louis Alexandre Henriet et son épouse Célestine Billig.
- ↑ Probablement André Sigrist, curé de Wattwiller depuis 1868.
- ↑ Eugénie Desnoyers (†), épouse de Charles Mertzdorff.
- ↑ Julie André, épouse de Léonce Berger.
- ↑ Georges Heuchel et son épouse Elisabeth Schirmer.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 10 avril 1874. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_10_avril_1874&oldid=51648 (accédée le 4 octobre 2024).
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