Vendredi, novembre 1880

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1880-11- pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-11- pages 2-3.jpg


Mon cher Papa,

Le chiffre de ce papier[1] te dit que je suis au Jardin ; j’ai attendu pour t’écrire que je puisse te donner des nouvelles toutes fraîches de tante[2] et heureusement ce sont de bonnes nouvelles que j’ai à t’envoyer. La gorge de tante va bien mais de sa forte fièvre il lui reste 5 gros boutons sur la figure qui la font beaucoup souffrir ; son œil même est pris. Je viens d’arriver auprès d’elle mais de peur de laisser passer l’heure de la poste je viens tout de suite causer avec toi ; sais-tu que c’est bien triste, mon Père chéri, de ne plus t’avoir ici ; il me semble toujours que tu vas arriver dans ma petite maison[3] et passer un bon moment chez moi ; aussi depuis que tu ne viens plus je ne couds plus et mon armoire à raccommodage soupire après toi. Heureusement que cette fois-ci nous avons une date fixe de retour et que nous pouvons un peu faire comme les collégiens et compter les jours.
J’ai été bien contente de savoir que tu avais fait bon voyage, mais désolée que tu n’aies pas pu apprécier les charmes du coupé, nous espérions tant que cette manière de voyager te fatiguerait moins !

Ici sauf notre pauvre tante, nous allons tous bien, nous menons chacun notre petite vie ordinaire ; Marcel[4] passe ses après-midi à la Cour, je viens moi chaque jour au Jardin voir tante et passer quelque temps avec elle. De plus nous avons mené une vie très mondaine. Mardi comme tu le sais nous avons eu les Hamel[5] à dîner puis nous avons été ensemble à la Femme à Papa[6]. Mercredi dîner au Jardin et enfin hier chez le jeune ménage de Monclin[7]. Tu vois que nous posons peu chez nous mais heureusement rien de tout cela ne me fatigue. A bientôt une autre lettre, mon Père chéri, chéri, je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime, et il me semble que c’est plus fort que jamais.

ta fille qui pense beaucoup à toi,

Marie


Notes

  1. La photocopie ne restitue pas ce chiffre.
  2. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  3. Le pavillon de la rue Cassette.
  4. Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
  5. Charles Hamel et son épouse Clotilde Picque.
  6. La Femme à papa, opérette composée en 1879 par Hervé (1825-1892).
  7. René Thiérion de Monclin et son épouse Jeanne de Wimpffen.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi, novembre 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi,_novembre_1880&oldid=60544 (accédée le 25 avril 2024).

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