Dimanche 28 et lundi 29 novembre 1880

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1880-11-28 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-11-28 pages 2-3.jpg


Dimanche 28 Novembre 80

Mon cher Papa,

J’ai été bien contente de trouver en arrivant au Jardin une bonne et longue lettre de toi ; je vois que tu vas bien, et tu parais assez entrain ce qui m’a fait bien grand plaisir.
J’ai aussi de bonnes nouvelles à te donner : j’ai trouvé tante[1] levée et étendue sur sa chaise longue ce qui est un progrès ; seulement son œil la fait toujours souffrir et sa pauvre figure est encore en triste état ; elle a besoin de se ménager beaucoup et de reprendre bien doucement sa vie ordinaire.

Je t’écris en attendant mes hôtes car nous avons ce soir un vrai dîner de famille : notre mère[2], Louise et Roger[3], nos oncle et tante Villermé[4] ; les enfants[5] malheureusement à cause de petits rhumes ne pourront être de la réunion.

Lundi matin. Bonjour, mon Père chéri, je n’ai pas pu finir ma lettre hier comme j’en avais l’intention et me voilà ce matin encore auprès de toi ce dont je ne me plains pas ; je voudrais seulement que tu sois bien réellement là avec moi, que nous causions ensemble et qu’il n’y ait pas 150 lieues qui nous séparent ; je suis si contente quand tu es ici il ne me manque rien alors et mon bonheur est complet.

Je n’ai rien de bien intéressant à te dire sur ma semaine ; tous les jours dans l’après-midi je vais au Jardin où je passe 1 heure ½ ou 2 heures avec mon ouvrage ; quelques petites courses avant ou après, des rangements et des petits raccommodages dans la matinée suffisent pour remplir tout mon temps d’autant plus que nous n’avons eu qu’une soirée sur 8 entièrement à nous.

Hier notre dîner s’est bien passé  et j’ai été très contente d’avoir toute la famille. Tu sais sans doute par Émilie[6] (car maintenant, mon pauvre Père, tu es exposé à t’entendre répéter toutes les nouvelles deux fois) que les Noël Dumas[7] sont arrivés à Paris où ils doivent séjourner quelque temps ; ils sont en ce moment chez leur mère[8] et cherchent un appartement auprès du ministère de la guerre où Noël doit travailler. J’ai vu hier chez tante les deux enfants qui m’ont paru bien gentils ; l’oncle Jean[9] remplit parfaitement son rôle, il a pris de suite une grande influence sur le jeune Hervé et sait se faire obéir mieux que personne ; il prétend qu’il le prend par le raisonnement. Tu sais aussi que M. C. Trézel[10] est à Paris pour quelques jours. J’ai vu hier au Jardin Mme P. Target[11] qui vient de revenir de la campagne et qui s’installe dans son nouvel hôtel avenue d’Antin ; son déménagement la fatigue mais elle est très satisfaite.

Adieu, mon cher petit Père, je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime, Marcel[12] se joint à moi pour t’envoyer nos plus tendres et respectueuses amitiés.
ta fille qui t’aime de tout son cœur.
Marie

J’embrasse bien fort bon-papa et bonne-maman[13].


Notes

  1. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  2. Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
  3. Louise de Fréville et son époux Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
  4. Louis Villermé et son épouse Antonie du Moulin de La Fontenelle.
  5. Louis, Etienne, Maurice et René Barbier de la Serre.
  6. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  7. Jean Baptiste Noël Dumas et son épouse Louise de Tournemine, parents de Hervé (presque trois ans) et Cécile Dumas (cinq mois).
  8. Marguerite Scholastique Aux Cousteaux, veuve d’Auguste Frédéric Gaston de Tournemine.
  9. Jean Dumas.
  10. Antoine Camille Trézel.
  11. Victorine Duvergier de Hauranne, épouse Paul Louis Target.
  12. Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
  13. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 28 et lundi 29 novembre 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_28_et_lundi_29_novembre_1880&oldid=59308 (accédée le 15 novembre 2024).

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