Lundi 1er novembre 1880
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 1er Novembre 80.
Décidément, mon cher Papa, depuis que je ne me mets plus régulièrement chaque matin à écrire à mon bureau, je n’arrive pas à l’ouvrir dans la journée et après avoir pensé bien des fois que je voulais venir causer avec toi, le soir paraît avant que je n’aie pris la plume. Je t’en demande bien pardon, je reconnais que c’est très mal et je te promets de ne plus recommencer. Voilà bien longtemps que je n’ai eu de lettre de toi ; c’est une punition que je mérite, mais je n’en souhaite pas moins un petit mot de mon papa me disant ce qu’il devient et surtout quand il nous arrive ; voilà le mois de Novembre qui commence et j’espère qu’il ne va pas tarder à t’amener auprès de nous.
Je suis bien contente en ce moment, mon Père chéri, Émilie[1] t’aura dit sans doute que nous avions enfin des domestiques non pas encore chez nous mais en perspective pour le commencement de la semaine prochaine, je crois qu’ils feront bien notre affaire, c’est un ménage encore assez jeune et sur lequel nous avons eu de bons renseignements. Je me réjouis de les voir installés et de penser que ma maison marche bien. En attendant c’est toujours notre ouvrière qui fait notre ménage ; nous allons tous les jours dîner dehors tantôt chez notre mère[2], tantôt au Jardin[3] ; demain c’est Louise[4] qui nous offre l’hospitalité, partout nous sommes bien reçus et ce manque de cuisinière nous procure le plaisir de voir souvent toute notre famille.
Toutes mes affaires sont à peu près rangées, j’ai étalé avec joie dans mes tiroirs les nombreux objets que tu m’as donnés à Vieux-Thann ; le calicot se prélasse dans ma commode, les affaires de layette dans une autre, les 2 assiettes ornent admirablement le buffet de la salle à manger et aussi je te remercie de nouveau mon cher Papa de toutes ces bonnes et agréables choses. J’ai vu dans une de tes lettres à Émilie que tu nous m'offrais des poires ; si tu penses m’en envoyer je les recevrai avec reconnaissance, tu sais que je les aime beaucoup et que cet hiver elles seront trop rares pour que je puisse en faire acheter souvent. J’ai regretté puisque j’avais commencé à te voler à Vieux-Thann de n’avoir pas pris plus encore et de ne pas t’avoir demandé un ou 2 aspidistras pour orner mon appartement ; c’est une faute que je tâcherai de réparer si tu le veux bien l’année prochaine.
Je pense que tu as reçu avec une de mes dernières lettres une photographie de Marcel[5] où nous figurons tous les deux ; elle a été faite à ton intention.
Nous continuons à aller parfaitement bien ; je crois que tu seras content de moi. Marcel a recommencé à aller chaque jour à la Cour ; Mercredi ils ont une grande séance pour l’installation de leur nouveau 1er président, M. Bethmont[6] et du procureur général M. Audibert[7].
Adieu, mon cher Papa, il fait nuit, je crains que ma lettre ne parte pas ce soir cependant je vais me dépêcher. Je t’embrasse de tout mon cœur.
ta fille
Marie
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Lundi 1er novembre 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_1er_novembre_1880&oldid=40347 (accédée le 18 décembre 2024).
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