Samedi 8 décembre 1917

De Une correspondance familiale


Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering)


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Reçu le 12.12.1917
Répondu le 17 Décembre1917

8 décembre 1917

Mon cher Monsieur Meng

Merci de votre lettre du 3. Vous devez être Maintenant en possession de mes divers documents et je crois vous avoir donné toutes les réponses que vous attendiez.

Emprunt. Ce que vous me dites m’oblige à revenir sur ma dernière lettre. Il y a des facteurs moraux dont il faut tenir compte, et l’amitié de l’administration en est un. Vous allez donc souscrire à 50 000 F capital nominal du nouvel emprunt[1] puisqu’on le désire là-Bas. Nous aurions pu transformer en emprunt nos Bons de chez Offroy, mais l’administration n’en saurait rien, et comme il s’agit simplement de produire un effet il faut que notre souscription se fasse à Thann. J’estime d’autre part qu’en gardant un fonds de roulement de 100 000 F cela suffit. Vous ferez donc prendre par Thann également des Bons du Trésor en quantité telle qu’une fois les B l’Emprunt payé il nous reste une centaine de mille francs en Banque. Vous prierez d’autre part M. ZWingelstein de dire à l’administration (à moins que vous ne préfériez le faire vous-même) que notre fortune étant restée en somme dans les banques allemandes d’une part, et d’autre part en raison de la nécessité où nous nous trouvons de conserver [à] ce qui nous reste le plus grand caractère de facilité de réalisation puisque nous en vivons au jour le jour, il ne nous a pas été possible de faire ce que nous avons voulu, mais que nous avons tenu à ce que notre nom figure sur les Souscriptions de la Vallée et que nous y allons de 50 000 F. Vous ajouterez ou ferez ajouter que par contre nous plaçons tout notre disponible en Bons du Trésor pour faire du moins tout ce qu’il nous est possible de faire.

M. Gilliéron. Veuillez m’envoyer son adresse par la prochaine lettre ; je lui écrirai pour tirer cette affaire au clair.

Charbon. Je suis entièrement de votre avis. Nous n’avons rien à donner à [Miché] et aux gens qui sont dans le même cas. Je reviendrai sur la question dans la réponse à M. ZWingelstein.

Cordialement à vous

G. de Place

8.12.17

Rapport de M. Hochstetter[2]Il serait très intéressant d’obtenir que Wesserling solutionne à notre avantage la question de la façon des pièces détruites. M. Hochstetter devra demander M. Gros ou M. Petit et tâcher de régler la question avec eux.

CBF[3] D’accord pour la réponse à leur donner.

Rapport de M. ZWingelstein[4]. Ce rapport répond à diverses questions posées dans ma dernière lettre. On peut entamer des pourparlers pour la machine du Moulin. Mais je crois qu’on peut demander d’abord plus de 30 000. Faire faire aussi des offres pour la Corliss[5].

Charbon. En principe nous devons maintenant réserver notre houille au personnel que nous occupons actuellement. Nous avons fait l’impossible pour venir en aide à nos anciens ouvriers, mais on ne peut nous demander davantage. Avant de donner une réponse définitive, je désire savoir :
Combien il a été distribué l’an dernier au personnel ouvrier ou employé travaillant depuis le 1er octobre 16 jusqu’au 1er Mai 17.
Les quantités distribuées étaient-elles fixées par employé ou ouvrier, ou bien chacun demandait-il ce qu’il désirait.[6]
Si ces quantités étaient fixées, à Combien l’étaient-elles ?
A combien d’ouvriers ou employés non travaillants et par quelles quantités a-t-il été pendant la même période distribué de charbon.

Il ne faut pas oublier que toute la France est rationnée, en charbon ; moi tout le premier. Nous essaierons de continuer encore sous certaines réserves à faire ce que nous pouvons, mais ce que nous cherchons c’est faciliter l’approvisionnement et les seuls travaillants, surtout ceux qui sont exposés doivent en principe y participer. Si vous estimez que l’un ou l’autre non travaillant peut en avoir, veuillez me faire des propositions.

Quel est actuellement le prix du commerce dans la Vallée. En admettant que nous continuons à vendre à moitié prix, le prix de 6 F ne doit plus être en rapport avec la réalité.


Notes

  1. Troisième emprunt de la Défense nationale, émis en novembre 1917.
  2. Voir la lettre du 5 décembre 1917.
  3. Hypothèse : Compagnie Française des Forges et Fonderies (CBF).
  4. Voir la lettre du 5 décembre 1917.
  5. Machine à vapeur, inventée par l’ingénieur américain George Henry Corliss (1817-1888).
  6. En marge : « oui ».

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 8 décembre 1917. Lettre de Guy de Place (mobilisé) à Jacques Meng (Fellering) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_8_d%C3%A9cembre_1917&oldid=35663 (accédée le 25 avril 2024).

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