Samedi 3 octobre 1874 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris)

original de la lettre 1874-10-03A pages 1-4.jpg original de la lettre 1874-10-03A pages 2-3.jpg


le 3 8bre 74.

Ma chère Marie

Merci pour ta bonne lettre qui me donne détail de votre voyage & me dit que vous allez tous bien ce qui fait toujours grand plaisir aux absents. Tout en sachant que vous étiez bien casés dans un compartiment à vous l'on est bien content de savoir que le tout est bien arrivé sans trop de fatigues.

Je suis content de savoir mon titre qu'Oncle[1] a trouvé en bonnes mains je ne lui donnerai pas l'ennui de l'encaissement, je le ferai moi-même à mon prochain voyage.

D'ici je n'aurai rien de bien remarquable à vous apprendre.

J'ai eu deux fois la visite de ma pauvre filleule Marie Girol[2], il est décidé que je mettrai ses deux garçons au à l'école préparatoire de Châlons-sur-Marne. J'ai vu à cet effet Mme Sifferlen sa sœur pour cet objet & c'est entendu que c'est à nous deux la charge.

Je ne pense pas que je sois forcé d'accompagner ces garçons jusqu’à leur lieu de destination je pense que la mère saura le faire sans moi, cependant si d'ici là je le trouverai nécessaire, je le ferai quitte à passer par la Capitale pour rentrer.

M. Girol a trouvé une petite place provisoirement en Hollande & sa femme ira le rejoindre de Châlons même.

Voilà ma chère petite amie ce que l'on gagne d'avoir des filleules & si encore ils réussissaient tous bien loin de s'en plaindre l'on serait trop heureux.

Sœur Bonaventure est venu le soir même de votre départ pour encore vous voir & elle a été désolée de ne plus vous trouver, il faisait déjà nuit lorsqu'elle est venue aussi l'ai-je accompagnée un bon bout de chemin

Depuis hier au soir nous avons une bonne pluie qui fera encore un peu de bien aux vignes. C'est toujours Lundi que l'on vendange, ce ne sera pas gai pour les pauvres gens qui doivent rentrer le raisin s'il pleut & il est a craindre que <si> le temps est mauvais nous en ayons pour toute la semaine ce qui ne sera pas gai pour la pauvre Nanette[3].

Monsieur Hans, notre employé est décidément fou. J'ai dû envoyer la voiture pour le ramener ici & très probablement il faudra le mettre dans une maison de santé, ce sont les petites sœurs qui le soignent.

Le nouveau cheval est ici depuis quelques jours je ne l'ai pas encore vu il a eu un petit accident en route que le vétérinaire est en train de raccommoder.

De la fabrique je n'ai pas grand chose à te dire, nous avons fort peu de pièces en magasin, pour cela les vendanges viennent à propos. Hier matin nous avons manqué d'avoir un incendie ; par la faute de l'aide chaudronnier, mauvais petit gamin de 18 ans une bombonne d'Alcool a sauté, heureusement qu'il y avait du monde & l'on a pu éteindre sans qu'il y ait eu du dégât. Tout cela s'est fait sans que j'en sache rien, & ce n'est que lorsque tout était fini que l'on est venu me le dire.

Je sais par Léon[4] que bonne-Maman[5] va bien, je ne pense pas la voir Demain, mais certainement irai à Morschwiller très probablement Mercredi prochain.

La maison est bien vide depuis quelques jours. pour charmer ma soirée d'hier j'ai compté avec Nanette. pour le reste du temps j'ai mes Journaux qui doivent me distraire.

Il est midi les ouvriers sortent je te quitte te priant ma chérie de bien embrasser tante & Oncle[6] pour moi, de me rappeler au bon souvenir de Mesdames Dumas & Pavet[7] de dire à Jean[8] que je suis bien content de lui, car il a été bien sage tant qu'il a été à Vieux-Thann & encore mille & mille caresses pour ta sœur[9] & pour toi de ton père qui vous aime.

Charles Mff

J'ai reçu le livre pour Mlle Bulffer[10] déjà hier, il lui sera remis aujourd'hui avec un petit mot de moi.


Notes

  1. Alphonse Milne-Edwards.
  2. Marie Reisser, épouse de Xavier Jules Oscar Girol et mère de Xavier Charles Oscar et Paul Xavier Girol.
  3. Annette, cuisinière chez Charles Mertzdorff.
  4. Léon Duméril.
  5. Félicité Duméril, épouse de louis Daniel Constant Duméril.
  6. Aglaé Desnoyers et son époux Alphonse Milne-Edwards.
  7. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas et Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.
  8. Le petit Jean Dumas.
  9. Emilie Mertzdorff.
  10. Probablement Joséphine Bulffer, de Thann, ancien professeur d’allemand des petites Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 3 octobre 1874 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_3_octobre_1874_(A)&oldid=56559 (accédée le 22 décembre 2024).

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