Samedi 26 février 1916
Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne)
26 Février
Mon cher Louis, je t'écris de la chambre de Lucie[1] à qui je viens de faire ta commission. Elle est très touchée de ta sympathie et t'en remercie. Elle souffre plus maintenant qu'au début parce qu'un des fils la coupe un peu, on espère pouvoir le retirer tout à l'heure et j'attends la visite du médecin qui ne vient jamais qu'à midi passé. Je te donne ce détail parce que tout cela t'est familier et que tu connais tous les charmes des pansements...
Oui les 50 F ont été envoyés à M. Baruzzi le jour même où tu l'as demandé. Excuse-moi de ne pas te l'avoir dit plus tôt. Je lui ai aussi reporté le livre.
Pierre[2] vient d'arriver ce matin. Je ne l'ai pas beaucoup vu puisque j'ai quitté la maison à 10 h mais je le reverrai, car il reste jusqu'au 9 Mars. Ensuite, j'espère, ce sera toi qui passeras pour aller suivre les cours d'EA[3]. Quand?
Je t'ai renvoyé il y a 2 ou 3 jours du lait et du cacao, ta provision étant très petite. Je vais t'en renvoyer pour que tu en aies toujours un peu d'avance. J'ai envoyé le même saucisson alsacien à Dagens avec du chocolat cette semaine.
Je ne pense pas que ton père[4] t'ait envoyé la lettre circulaire au sujet de Vieux-Thann celle pour laquelle on attendait ta majorité. Ton papa n'est pas encore revenu, et je suis sans nouvelles de lui. J'espère qu'il ne tardera pas à rentrer, mais je m'imagine qu'il s'arrêtera à Montbard puisqu'il n'a pu voyager avec Pierre comme il en avait eu un peu le désir. Il avait dit un mot de cet arrêt en partant, mais il avait sans doute compté sans la neige qui ne rend pas la chose plus attrayante !
Que dis-tu de la grande bataille de Verdun ? Guy[5], oui Guy, a rapporté du ministère où il va souvent comme auxiliaire de M. Toussaint, des nouvelles fort encourageantes : on envisage cette offensive allemande comme une très heureuse chose car leurs pertes ont été immenses, tandis que les nôtres sont assez restreintes, relativement !... On a craint assez sérieusement un encerclement qui nous aurait fait perdre beaucoup de monde et c'est pour l'éviter qu'on a reculé un peu.
Nous avons entendu hier les Guy[6] et moi une belle conférence de MonseigneurLobbedey sur le bombardement d'Arras. Je n'ai pas de nouvelles de Michel[7] depuis son départ, cela n'a rien d'étonnant. Henri[8] a changé de place, il est maintenant près de Bar le Duc, et roule nuit et jour.
Je t'enverrai tout ce que tu me demandes et ferai l'essai des œufs.
Je t'embrasse tendrement cher petit. Merci de ta bonne lettre.
Emy[9]
Jacques[10] qu'Elise est allée voir Jeudi vient demain pour la journée. Il ne va pas encore très bien.
Notes
- ↑ Lucie Froissart épouse d'Henri Degroote.
- ↑ Pierre Froissart, frère de Louis.
- ↑ EA : École d’Artillerie.
- ↑ Damas Froissart.
- ↑ Guy Colmet Daâge.
- ↑ Guy Colmet Daâge et son épouse Madeleine Froissart.
- ↑ Michel Froissart, frère de Louis.
- ↑ Henri Degroote.
- ↑ Expéditeur : MmeFroissart 29 rue de Sèvres à Paris.
- ↑ Jacques Froissart, époux d’Elise Vandame.
Notice bibliographique
D’après l’original
Annexe
Monsieur Louis Froissart
Canonnier au 41e régiment d'artillerie
74e BieCamp de la Braconne
par Ruelle (Charente)
Pour citer cette page
« Samedi 26 février 1916. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_26_f%C3%A9vrier_1916&oldid=53833 (accédée le 21 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.