Samedi 23 février 1878
Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 23 Février 1878.
Je commence ma lettre, mon Père chéri, en te demandant pardon pour ce petit mot informe que je n’ai pas craint de t’envoyer Jeudi et où je ne sais pas ce que je te disais. J’avais bien l’intention de réparer ma faute hier mais la journée a passé comme un rêve, la soirée est venue, je me suis habillée et nous sommes parties chez Mme Empis[1]. Il y avait pas mal de monde je me suis assez amusée cependant pas autant que chez Mmes Gosselin[2] et Gaudry[3]. Je crois que c’est parce que je n’étais pas dans le grand salon et qu’alors on était moins animé ; Jeanne y était ainsi que Charles qui maintenant va bien ; tous deux paraissaient enchantés. Je pense qu’ils seront restés jusqu’à la fin. Nous nous sommes partis à 1h1/2.
2h sonnaient au moment où je me fourrais dans mon lit ; tu vois que nous sommes bien raisonnables mais aussi il fallait ménager nos forces pour aujourd’hui ; la fête serait complète ce soir si tu étais là car la petite Mumele[4] vient avec nous chez Mme Bureau[5] nous y retrouverons Hortense[6], Jeanne et Charles, Léonce de Quatrefages & et nous comptons nous amuser beaucoup.
J’ai appris chez Mme Empis une nouvelle qui t’intéressera peu mais qui m’a bien surprise, c’est le mariage de Mlle Gosselin[7] ; elle épouse M. Chauffard, je l’ai déjà vu plusieurs fois il paraît très bien ; elle du reste, sera, je crois, une femme charmante ; je l’ai vue assez souvent cette année et elle m’a beaucoup plu. Cette Cela me paraît bien drôle de la voir se marier attendu que c’est tout à fait une de mes contemporaines ; c’est une surprise que j’aurai probablement souvent maintenant.
Nous attendons avec impatience une lettre de toi nous fixant le jour de ton arrivée ; moi je te désirais beaucoup pour nos 2 bals d’hier et d’aujourd’hui mais comme Emilie au contraire souhaitait que tu restes le plus longtemps possible après son examen je n’ai pas osé insister.
Combien de fois ai-je mis on dans ces 2 pages je n’en sais rien, mais heureusement que j’ai pour excuse un léger nuage de sommeil qui plane encore sur mon esprit sans quoi les murs qui m’entourent rougiraient de l’élève formée dans la maison et dont le style est si peu corrigé. L’encre violette t’a déjà dit que j’étais au cours de en pénitence dans ma petite chambre pendant qu’Emilie fait de la grammaire, je vais tout à l’heure retourner auprès d’elle et travailler à un petit couvre-pied que je fais pour Miss Hélène[8], Emilie a déjà choisi le couvert qu’elle compte envoyer à sa filleule, tante[9] l’a porté au chemin de fer qui n’a pas voulu accepter le paquet tel qu’il était, tante a racheté une boîte et maintenant on va essayer de le porter de nouveau. C’est ce soir qu’aura lieu la fameuse séan conférence de M. Cailletet[10] il y a tant de billets demandés pour cette séance que je crois que la ½ ne pourra pas entrer. Nous regrettons bien de ne pouvoir pas y aller.
Emilie travaille mais n’est point ahurie comme on l’est souvent avant l’examen elle trouve toujours moyen de faire du piano, c’est son grand plaisir et (ô honte !) elle en fait plus que moi !!
Après cet aveu je n’ai plus qu’à me sauver bien vite ; adieu, mon petit papa, embrasse tout de même ta paresseuse elle t’aime beaucoup tu sais.
J’embrasse bien fort bon-papa bonne-maman[11], tante Marie[12], et je baise les bras ou s’ils sont trop délicats les pieds de ma petite cousine gentille[13].
Notes
- ↑ Pauline Gabrielle Récappé, épouse de Georges Simonis Empis, tante de Charles et Jeanne Brongniart (plutôt que sa belle-mère Catherine Edmée Davésiès de Pontés, veuve d’Adolphe Simonis Empis, grand-mère de Charles et Jeanne ?).
- ↑ Marie Bussy, épouse de Léon Gosselin.
- ↑ Isabelle Hittorff, épouse d’Albert Gaudry.
- ↑ Surnom d’Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Marie Decroix, épouse d’Édouard Bureau.
- ↑ Hortense Duval.
- ↑ Adrienne Gosselin épouse Emile Hyacinthe Chauffard.
- ↑ Hélène Duméril.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Louis Cailletet.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
- ↑ Hélène Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 23 février 1878. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_23_f%C3%A9vrier_1878&oldid=42533 (accédée le 22 décembre 2024).
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