Samedi 22 mai 1880

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers(épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris)

original de la lettre 1880-05-22 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-05-22 pages 2-3.jpg


Vieux-Thann le 22 Mai 80.

Ma chère Aglaé votre bonne lettre est venue confirmer ce que Marie[1] m’écrivait le même jour, c’est-à-dire qu’elle ne trouvait pas assez de mots pour me dire combien son bonheur était complet. Si vous vous êtes fatiguée à tel excès qu’il vous a fallu forcément garder la chambre, vous avez à ce que la chère enfant me dit si bien réussi à si bien arranger son petit pavillon qu’elle en est encore toute troublée & croit rêver, tellement elle se voit bien installée.
J’avoue que j’ai eu un véritable bonheur à lire & relire cette lettre de cette chère enfant, & je jouis d’avance du plaisir de la voir chez elle.

Émilie[2] aussi m’écrit de bien bonnes lettres & elle fait bien peu allusion au vide que lui a laissé sa sœur, comme vous je trouve qu’elle y met grande raison. J’ai reçu hier une lettre d’un ami qui me demande ma fille pour un jeune Notaire je lui ai de suite répondu qu’elle était trop jeune pour songer à la marier déjà.

Je savais par mes enfants que M. Edwards[3] avait été souffrant mais ne pensais pas que cela durait encore. Heureusement que M. Dewulf[4] qui est si prudent n’est pas inquiet, cela rassure énormément. Je pense qu’Émilie me tiendra au courant & que bientôt elle me dira que M. Edwards préside de nouveau la table.

J’avais en effet quelque crainte que les 25 mille F que vous aviez ne vous suffiraient pas & c’est pour cela que j’ai prélevé une nouvelle somme dont les 23 500 que vous avez trouvés dans la caisse de M. Edwards sont le reste. Vous voudrez donc sur cette somme prélever tout ce qui vous est nécessaire pour l’installation des jeunes gens[5]. Vous devez en effet avoir eu bien des notes à payer & je ne m’étonne pas que votre bourse soit à sec avec le prélèvement que vous avez fait pour le Notaire.

Je viens de recevoir une lettre de ma cousine Élise Bonnard[6] qui se trouvant sans bonne, toujours un peu souffrante, s’est décidée à aller à sa campagne du Grand-Lemps avec sa mère[7] & sa fille[8] pour une partie de l’été. elle doit déjà avoir quitté Paris.

Nous avons la satisfaction de voir Marie Léon[9] se remettre peu à peu. elle commence à manger un tout petit peu & elle dort bien la nuit sans fièvre. C’est demain le 9ème jour. tout naturellement il lui faut encore beaucoup de tranquillité & les parents du moulin[10] ne sont pas encore admis auprès d’elle.
Son frère[11] était un moment très inquiet, heureusement qu’à la campagne ces accidents ne sont pas aussi dangereux qu’à Paris. C’est une pauvre santé qui aura bien de la peine à se remettre des suites qui laissent le plus souvent des traces. Léon en est bien affecté et inquiet.

Avant-hier 20 Mai nous avons eu une forte gelée qui a fait grand mal. c’est la première fois que je vois pareil accident à pareille date.

Vous voudrez bien dire à M. Edwards combien je suis désolé de le savoir souffrant & me rappeler à son bon souvenir.
mes meilleures Amitiés à Alphonse[12] & tous mes remerciements à vous qui êtes la maman de mes chères enfants[13], que seraient-elles sans vous !
tout à vous chère Aglaé,
Ch. M.


Notes

  1. Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville.
  2. Emilie Mertzdorff, seconde fille de Charles Mertzdorff.
  3. Henri Milne-Edwards.
  4. Le docteur Louis Joseph Auguste Dewulf.
  5. Marie Mertzdorff et son époux Marcel de Fréville.
  6. Elisabeth Mertzdorff, épouse d’Eugène Bonnard.
  7. Caroline Gasser, veuve de Frédéric Mertzdorff.
  8. Andrée Bonnard.
  9. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril, qui vient de faire une fausse-couche.
  10. Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril, parents de Léon Duméril.
  11. Henri Stackler, médecin à Paris.
  12. Alphonse Milne-Edwards.
  13. Marie et Emilie Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 22 mai 1880. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à Aglaé Desnoyers(épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_22_mai_1880&oldid=35486 (accédée le 21 novembre 2024).

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