Vendredi 21 mai 1880
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris, rue Cassette) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 21 Mai 80.
Mon cher Papa,
Je commence par te demander pardon de la précipitation avec laquelle je t’ai écrit l’autre jour[1], je voulais hier déjà venir causer un peu tranquillement avec toi mais je n’ai pu trouver un pauvre petit instant de calme à consacrer à mon papa ; la matinée s’est passée en rangements et à surveiller des ouvriers, nous avons ensuite été déjeuner chez notre mère[2] et en revenant j’ai fait plusieurs courses dans le quartier, à 2h1/2 Louise[3] est arrivée avec ses petits enfants et a passé toute sa journée dans le jardin, j’ai eu aussi une courte visite de tante[4] et d’Émilie[5], enfin nous avons dîné pour la 1ère fois dans notre délicieuse salle à manger tu devines quel plaisir cela a été pour nous ! nous sommes restés jusqu’à la nuit à arroser notre jardin qui quoique diminué est encore fort gentil et assez fleuri.
Et toi, mon Père chéri, que deviens-tu ? Émilie m’a montré ta dernière lettre qui malheureusement ne nous donnait pas d’aussi bonnes nouvelles que nous aurions voulu ; je suis bien anxieuse de savoir comment va cette pauvre petite tante[6] qui vient d’être si rudement secouée et je voudrais savoir déjà qu’on n’a plus d’inquiétude et que ses forces reviennent ; quelle triste chose qu’une santé si peu solide ! pourvu qu’elle se remette tout à fait bien !
Ce qui m’a réjouie dans la lettre que j’ai vue c’est que tu vas peut-être avancer l’époque de ton arrivée ; quel plaisir ce sera pour moi de te faire voir toute ma jolie installation ! vois-tu mon petit Papa je crois qu’il serait impossible de rêver quelque chose de plus gentil que ma maison ; tout y est si propre, si commode, si joli ; notre chambre est ravissante, le petit salon un vrai bijou, quant à la salle à manger je ne t’en parle pas pour t’en laisser toute la surprise mais prépare-toi à admirer. Jusqu’à présent je suis très satisfaire de mon Armandine qui me sert en même temps de cuisinière et de femme de chambre. Je te remercie mille fois, mon cher Papa d’abord de tous les meubles que tu me donnes et ensuite de toute la peine que tu as prise pour me les faire expédier, de cette façon tu nous évites tous les ennuis possibles.
Adieu mon bon Père, je t’embrasse de toutes mes forces comme je t’aime,
Marie
Marcel[7] est à la Cour sans quoi il me chargerait de toutes ses amitiés pour toi.
Notes
- ↑ Voir la lettre du 19 mai.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville et mère de Marcel.
- ↑ Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre. Elle est la belle-sœur de Marie et la mère de Louis, Etienne et Maurice Barbier de la Serre.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Marie Stackler, épouse de Léon Duméril, vient de faire une fausse-couche.
- ↑ Marcel de Fréville.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Vendredi 21 mai 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris, rue Cassette) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_21_mai_1880&oldid=35888 (accédée le 18 décembre 2024).
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