Samedi 19 février 1881
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 19 Février 81.
Mon cher Papa,
Quoique je n’aie rien de nouveau à te dire je veux cependant venir causer un peu avec toi. Comment vas-tu, mon Père chéri ? Émilie[1] m’a apporté hier ta lettre et j’ai vu ainsi que toutes les santés qui m’intéressent étaient bonnes. L’écho te répondra qu’il en est de même à Paris, je me porte admirablement si bien que je n’ai pas à parler de moi.
La pauvre Émilie a depuis avant-hier un fort de mal de dent qui disparaît par moments et la fait beaucoup souffrir par d’autres. Elle a été chez le dentiste[2] qui a déplombé la dent malade mais cela ne lui a pas amené grand soulagement. Aujourd’hui cependant elle va mieux et a passé une très bonne nuit. Je viens de la conduire à son cours rue du Bac tante[3] l’avait déposée ici à 1h ; et cette petite promenade par un beau soleil m’a été très agréable.
Hier j’ai eu tout mon monde à dîner autrement dit tante, oncle[4] et Émilie, tu devines si j’ai été contente et si nous avons passé une agréable bonne soirée. Oncle voulait aller à la Société de géographie mais nous l’avons décidé sans trop de peine à rester avec nous. Tante m’a aidée dans mon ouvrage et m’a tirée de tous les passages difficiles de mes rideaux. Ceux de la chambre de bébé[5] sont terminés, on les accroche aujourd’hui et je prends grand plaisir à les contempler. Cette chambre est vraiment la plus gentille de la maison, on a des fenêtres une vue charmante et le soleil y donne si longtemps qu’il y fait toujours doux sans qu’on la chauffe. Je me réjouis bien de voir mon bébé installé dans sa petite demeure et je vais un de ces jours me donner la joie d’arranger le berceau, il n’aura plus beaucoup le temps de se salir et au moins l’illusion sera complète.
Il fait un vrai temps de printemps je t’écris avec ma fenêtre ouverte et le soleil entre partout, j’ai mis pour sortir mon manteau d’été ; je suis sûre que dans peu de jours nous verrons de gros bourgeons aux arbres et les premières petites feuilles paraîtront presque avec Robert. Quel bonheur qu’il ait tout son été devant lui pour pousser et se développer ; il entrera dans la vie à un bien beau moment.
Demain nous devons dîner chez notre mère[6] avec les différentes branches de la famille d’Arleux[7], on sera forcé de faire une petite table d’enfants tant on sera nombreux.
Mercredi aura lieu le mariage de Jeanne Duval[8] mais je n’assisterai pas à cette cérémonie, je n’aurais rien de propre à mettre et de plus ce sera je crois assez fatigant.
Adieu mon cher petit Papa, je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime. Ne parleras-tu donc jamais de ton arrivée ?
ta fille affectionnée
Marie
Marcel[9] me charge pour toi de ses plus filiales amitiés. Il vient de partir à la Cour après avoir terminé au galop un autre travail qu’il avait à faire ici avant.
Notes
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Possiblement Simon Goldenstein.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Jeanne de Fréville naîtra le 19 mars 1881 (alors que « Robert » est attendu).
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
- ↑ La famille Morel d’Arleux.
- ↑ Jeanne Duval va épouser Charles Gaston Leblond.
- ↑ Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 19 février 1881. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_19_f%C3%A9vrier_1881&oldid=52108 (accédée le 18 décembre 2024).
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