Samedi 17 septembre 1864

De Une correspondance familiale


Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)


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Vieux-Thann

17 Septembre 64

Ma chère petite Gla,

Notre bonne mère nous a quittés ce matin ainsi que papa et Julien[1] ; Nous voici seuls. Maman a été bien forte, j'ai tâché de l'imiter. Elle me paraît bien en ce moment, j'espère que mes chers voyageurs se seront trouvés bien de leur séjour au Vieux-Thann et qu'il leur prendra goût d'y revenir. Dieu fasse que toi aussi tu viennes m'y voir, c'est un temps après lequel je soupire.

Partis à 9 h maman et Julien doivent arriver à Ancy-le-Franc à 9 h 5 mn du soir, Papa passera 2 jours à Besançon et ils rentreront à Paris au commencement d'Octobre. Jusque-là, ma chérie, leur présence va te manquer, mais tu es si bonne que tu ne t'en plaindras pas. Je te remercie d'avoir même engagé Maman à prolonger son séjour ici, d'avoir cherché toutes sortes de combinaisons pour me la faire conserver ; mais il n'y a pas eu moyen de gagner plus et cependant après avoir fait beaucoup de projets de voyage, voyage en Suisse, voyage à Ancy, nous avons renoncé à tout parce que, depuis quelque temps, je me trouve fatiguée, même souffrante par moment, aussi vais-je rester tranquille pendant quelques jours jusqu'à ce que nous puissions être mieux fixés sur la cause. Tu vois que je tiens ma promesse de te tout dire ; bien entendu que c'est pour toi seule. Tu es assez perspicace pour deviner de quoi il s'agit, je n'ai pas besoin de mettre les points sur les i[2]. Il y a une dizaine de jours nous avons fait une grande promenade dans la montagne (promenade qui conviendra tout à fait à l'agilité d'Alphonse[3]), le lendemain nous sommes allés à Mulhouse et j'ai été très fatiguée par ces deux journées de marche ; avant-hier nous sommes allés tous à Morschwiller et la voiture m'a été peu agréable, aussi ce matin n'ai-je pas été reconduire maman au chemin de fer ; c'était une privation, mais il ne faut pas faire d'imprudence, voilà ce que maman et Charles[4] me recommandent ; ce sont les deux seuls avec lesquels ce grave sujet soit abordé, mais, comme par moment je m'étends sur le canapé, si on me surprend comme cela, bientôt on me regardera en plaisantant, ce que mon beau-frère[5] a déjà fait en voyant que nous renoncions subitement au voyage en Suisse. Cela m'ennuie si tôt.

Comme tu as dû t'ennuyer à Cayeux[6] de n'avoir pas Alphonse, enfin te voilà rentrée au bercail, et plus forte ; je suis bien heureuse en pensant que tu es beaucoup mieux et que d'un moment à l'autre je pourrai apprendre ce que je souhaite pour toi[7]. Je suis émerveillée de tout ce que tu as fait en ouvrage, je ne t'en dirai pas autant de moi, pendant le séjour de maman, j'ai eu Mimi[8] malade, nous avons toujours été un peu en l'air tout en sortant peu et les ouvrages à l'aiguille ont été très négligés comme le piano. Ce sera pour cet hiver.

Pour ce que tu dois donner à Louise[9], je ne peux pas te fixer, maman dit que ce sont des journées complètes qu'il faut payer un peu plus cher que les journées de couture.

Pour M. de Zaepffel, il était aux environs de Colmar, c'est Emilie[10] qui est allé le voir, il n'est pas venu à Thann.

Ecris-moi, me voici seule et j'ai besoin de vos lettres pour être raisonnable. Adieu, ma Chérie que j'aime beaucoup fort

ta meilleure amie EM

Dimanche matin. Mille baisers encore et amitiés à Alphonse de la part de nous tous.


Notes

  1. Jeanne Target, son époux Jules Desnoyers, leur fils Julien Desnoyers.
  2. Eugénie espère être enceinte.
  3. Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
  4. Charles Mertzdorff, époux d’Eugénie.
  5. Edgar Zaepffel.
  6. Cayeux-sur-Mer, port et plage dans la Somme.
  7. Aglaé, comme sa sœur, espère être enceinte.
  8. Marie Mertzdorff, fille du premier mariage de Charles.
  9. Louise, domestique.
  10. Emilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 17 septembre 1864. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_17_septembre_1864&oldid=35397 (accédée le 18 décembre 2024).

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