Samedi 15 mai 1875
Lettre de Marie Mertzdorff continuée par Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris le 16 Mai 75'[1]
Mon cher père,
L’espèce de petite horreur que nous t’avons envoyée hier nous a tellement remplies de confusion que nous ne voulons pas attendre plus longtemps pour venir te faire une petite visite en règle.
Combien je te remercie mon bon petit papa pour cette gentille petite lettre que j’ai reçue ce matin et qui m’a fait tant de plaisir, j’en ai reçu en même temps une de Marie Berger.
Je vais terminer ce petit griffonnage, mon cher Charles, car je craindrais qu’il ne puisse partir aujourd’hui si je le laissais à Marie. Nous sommes en ce moment chez Mme Roger[2] où Emilie[3] vient de prendre sa leçon et où Marie prend la sienne en ce moment
Vous voyez que nous avons repris notre vie. Marie a pris son bain hier, elle va parfaitement, mange beaucoup, dort bien ; elle est pâle mais c’est la seule chose qui fait penser qu’elle vient d’être malade ; elle ne tousse plus ; comme elle a était très bien portante M. D.[4] a dit qu’elle pouvait ne pas prendre de purgation et qu’on lui en donnerait une plus tard si cela devenait nécessaire. Elle retournera Mercredi au cours[5] à sa grande joie. Le temps est admirable, il fait chaud comme au mois d’Août.
Nous sommes venues à pied mais nous allons retourner en voiture afin d’acheter des chaussures et voir si nous pourrions leur trouver des chapeaux ; puis nous rentrerons de bonne heure. Marie fait ses devoirs pour le cours cette semaine afin de tâcher de perdre le moins de cachets possible. Je vous assure que cette bonne chérie est bien heureuse de retrouver son activité et de penser qu’elle va revoir ses amies car elle n’aime pas la vie cloîtrée à ce qu’elle m’assure, elle aime voir son semblable et vivre comme tout le monde. Emilie reprend bonne mine elle ne tousse plus et travaille avec plaisir. Elle prend tous les matins un ½ verre d’eau sulfureuse afin de fortifier un peu sa gorge qui est trop susceptible depuis quelques temps.
Aussitôt que M. Dewulf me le permettra je leur donnerai des douches, mais nous allons attendre que l’influence de la rougeole soit bien loin de nous.
La leçon est terminée, il faut terminer ce griffonnage dont je vous demande bien pardon car j’ai écrit tout en écoutant la leçon, aussi il faut bien qu’il vous soit destiné pour que j’ose le mettre à la poste. Mais je vous sais si indulgent que j’ose j vous l’expédier.
M. et E.[6] vous embrassent tendrement, Alphonse[7] se joint à moi pour vous envoyer nos meilleures amitiés.
AME
Mille choses bien affectueuses à bonne-maman[8].
Maman[9] va bien. Alphonse est bien pris par son cours 4 fois par semaine.
Notes
- ↑ La lettre est plus probablement du samedi 15 mai.
- ↑ Pauline Roger, veuve de Louis Roger, professeur de piano.
- ↑ Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ L.J.A. Dewulf, médecin.
- ↑ Le cours des dames Charrier-Boblet.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Alphonse Milne-Edwards, époux d’Aglaé Desnoyers.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Samedi 15 mai 1875. Lettre de Marie Mertzdorff continuée par Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_15_mai_1875&oldid=35364 (accédée le 10 novembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.