Mercredi 9 novembre 1881 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


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Quelle joie nous ont causée les lettres de ce matin ! merci, mon cher Papa de nous tenir si bien au courant de l’état de la chère petite Hélène[1], je t’assure que le courrier est guetté avec impatience et le mieux annoncé ce matin nous a rendus bien heureux, j’espère qu’il en est de même aujourd’hui et que dans peu de jours nous toucherons au terme de cette cruelle maladie. Comme la chère petite va avoir besoin de ménagements mais en même temps quelle douce chose qu’une convalescence ! quel bonheur on doit éprouver en voyant revenir à la santé un enfant qui vous a donné de grandes inquiétudes, c’est le rayon de soleil après la tempête.

Inutile de te dire que si ces bonnes nouvelles ont fait plaisir à nos grands-parents[2], aussi aujourd’hui sont-ils retournés avec plus d’entrain à leur appartement[3] où l’installation avance peu à peu. Les meubles ont tous trouvé leur place ce qui est bien important car généralement on se figure les pièces plus vastes qu’elles ne le sont réellement. L’ouvrier Jules (que tu connais peut-être) doit demain aller accrocher glaces, tableaux et casseroles ce qui donnera de suite beaucoup de place. J’ai offert mon aide à bonne-maman mais je crois qu’elle aime mieux ranger peu à peu ses affaires elle-même et je le comprends, on les retrouve plus facilement après. Il n’y a eu heureusement rien de sérieusement abîmé pour le déménagement ; quelques meubles un peu rayés seulement.

Comme je suis fâchée, mon cher Père, que tu sois si enrhumé, je t’en supplie, soigne-toi bien, gargarise-toi, évite les courants d’air, et tâches de chasser au plus vite ce vilain rhume qui n’a que faire chez toi. Ce qui m’a plus attristée c’est ce que tu m’écris de tante Zaepffel[4]. Elle est donc bien souffrante ? C’est désolant ; quelle triste santé ! Peut-être ne sera-ce qu’une maladie passagère, comme elle en a eu déjà et qui s’en ira sans laisser de traces ; mais voilà longtemps que elle les indispositions se succèdent bien vite chez elle. Je te prie de nous donner de ses nouvelles quand tu en auras. Pauvre Père que de malades autour de toi en ce moment ! surtout si tu te décides à aller à Nancy attends pour te mettre en route que ton rhume soit bien passé puis au retour viens donc jusqu’ici faire une petite fugue et te reposer de toutes ces secousses au milieu de tes enfants ; viens, papa chéri, te faire embrasser par tes filles[5], recevoir les caresses de la toute petite[6], tu verras ses 5 dents, sa bonne figure réjouie et bien portante et tu constateras quelques nouveaux petits progrès. Oh ! oui si tu vas à Nancy nous voulons te voir ne serait-ce que pour quelques jours.

Nous avons un temps d’été, je t’écris la fenêtre ouverte, je viens de rester longtemps avec Jeanne sans manteau dans notre jardin. Louis[7] est en train de mettre les géraniums en pot et de faire des boutures nous verrons ce que cela deviendra ; tu vois qu’on a bien soin de ces petits Vieux-Thannois égarés à Paris.

Adieu, mon cher petit Père, je t’embrasse de tout mon cœur comme je t’aime

ta fille Marie

Marcel[8] est à la Cour mais je sais qu’il me chargerait de bonnes amitiés pour toi. Bon-papa et bonne-maman passent leurs journées à l’appartement, mais ils couchent et mangent ici.


Notes

  1. Hélène Duméril, atteinte de fièvre typhoïde.
  2. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  3. Rue des Fossés Saint-Jacques.
  4. Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel, à Nancy.
  5. Émilie Mertzdorff et sa sœur Marie.
  6. Jeanne de Fréville.
  7. Louis, employé chez les de Fréville.
  8. Marcel de Fréville.


Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mercredi 9 novembre 1881 (B). Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_9_novembre_1881_(B)&oldid=35266 (accédée le 9 décembre 2024).

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