Jeudi 10 novembre 1881 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Jeudi 10 9bre 81

Ma chère Marie.

Écrivant hier à Émilie[1], tu es restée sans nouvelles, je pense que ta sœur t’aura dit que notre petite malade[2] continue à avoir moins de fièvre & l’état général est aussi bon que nous pouvons le désirer. Ce mieux continue bien heureusement, la température continue à ne pas s’élever au-dessus de 38/39° l’on a suspendu les bains & les linges mouillés.

Tu sais aussi que Marie[3] est à Mulhouse[4], tantôt je demanderai à Léon[5] de ses nouvelles ; l’on a pris là une bonne précaution d’autant que lorsque la petite maman a dû quitter son enfant malade, cette dernière allait bien & l’on a pu la persuader qu’elle entrait en convalescence, elle a du reste montré beaucoup de courage & j’ai bien recommandé à Léon de la tenir au courant de ce qui se passe ici, plusieurs fois par jour.

Ce matin j’ai eu la visite du Docteur[6] qui vient d’avoir sa petite bonne malade de typhus. Ne pouvant la garder chez lui, il l’a transportée chez sa sœur à Thann ; là elle ne peut rester faute de place & faute de soins nécessaires. Il est donc convenu que sa voiture ira la prendre pour la mettre à l’hôpital ici ; c’est elle qui inaugure la maison ; j’attends la sœur pour prendre quelques dispositions pour la faire aider, puisque les deux sœurs sont occupées par la petite Hélène

Tu sais que j’étais enrhumé un peu par ma faute. hier j’ai purgé, mais c'était insuffisant & ce matin j’ai continué ce que j’avais commencé hier, & sous l’influence que tu sais, je n’aimerais pas sortir dès le matin.

Grâce à sœur Bonaventure qui a dit au docteur que j’étais souffrant hier, le docteur est venu ce matin tant pour me voir que pour me demander pour sa bonne. [ ] Je lui ai dit ce que je fais & ai fait, l’ai prié de regarder ma mine, qui n’est pas celle d’un malade, & il m’a quitté en riant. Je vais ce matin tout à fait bien & me propose de peu manger à midi, mais me promettant un bon repas pour le soir.

Depuis plus de 2 mois j’avais conservé ma ceinture de flanelle, comme c’est un meuble gênant je l’ai enlevée il y a 4 à 5 jours - de là mon refroidissement aussi l’ai-je remise cette malheureuse ceinture, promettant bien de la remettre dans l’armoire d’ici quelques jours. Cet après-midi lorsque je ne serai plus sous l’influence de ma purge je compte sortir un peu ; il fait depuis près de 8 jours un temps [agréable].

Je n’ai pas d’autres nouvelles de Nancy[7], ce qui me contrarie beaucoup & je n’ai pas encore fixé le jour de ma visite. Ce n’est pas un jour ce seront plusieurs jours que cette visite me prendra.

Je viens de voir la petite sœur Aflonia & vais m’occuper à avoir pour la nuit des filles qui tour à tour passeront la nuit auprès de la bonne du Docteur, car avec ces bains froids il faut pas mal de monde.

Pas d’autres nouvelles de Nancy ce qui me contrarie, je viens d’écrire à Edgar pour lui en demander.

Embrasse pour moi tes chers grands-parents[8] qui doivent bien jouir avec nous des bonnes nouvelles que je te transmets. Amitiés bien affectueuses à Marcel[9], un bon bec à ta grosse Jeanne[10]

à toi ton père

ChsMff

Cet après-midi Léon ira à Mulhouse voir sa femme. M. Henry Stackler[11] doit être arrivé à Paris ce matin. Il m’a demandé l’adresse de tes grands-parents que je ne connais pas, dans ta prochaine n’oublie pas de me l’écrire.


Notes

  1. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie (voir la lettre du 9 novembre).
  2. Hélène Duméril, atteinte de fièvre typhoïde.
  3. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril et mère d’Hélène.
  4. À Mulhouse chez Joséphine Fillat-Miquey.
  5. Léon Duméril.
  6. Louis Disqué.
  7. La sœur de Charles, Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel, est à Nancy, malade.
  8. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril, qui logent chez leur petite-fille Marie.
  9. Marcel de Fréville.
  10. Jeanne de Fréville.
  11. Henri Stackler.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Jeudi 10 novembre 1881 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_10_novembre_1881_(A)&oldid=39772 (accédée le 20 avril 2024).

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