Mercredi 9 novembre 1881 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Émilie Mertzdorff (Paris)


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Mercredi 9 novembre 81. 11h Matin

Émilie chérie ! il y a bien longtemps que je ne me suis adressé à toi, mais je sais que ta sœur[1] te tiens au courant de l’état de notre petite malade[2].

Cette nuit encore est bonne, comme hier toute la journée. La période aiguë est passée & il me semble que la malade va aussi bien que possible elle se plaint encore beaucoup du ventre qui lui fait mal ; elle n’est pas encore en convalescence, nous en sommes encore à 10 ou 15 jours de là ; mais enfin tout fait espérer que nous y arriverons.

Ce matin il y a peu de fièvre, la température est normale & je crois que les bains [resteront] supprimés la petite n’est pas trop faible encore & n’a pas eu un moment de délire, malgré la violence du début de la maladie.

Marie[3], la pauvre maman, a dû quitter sa chère malade hier à 5h. Mme Miquey[4] est venue la chercher c’est son frère[5] qui par précaution l’a voulu [  ] nécessaire quoiqu’à Mulhouse elle se sente bien isolée & malheureuse d’être ainsi séparée de son enfant.

Nos petites sœurs sont très occupées auprès de Hélène & d’habitude il y a encore une sœur de Thann & Bonaventure vient tous les matins & tous les soirs. c’est beaucoup de monde, mais lorsqu’il s’agissait de donner le bain, la petite se défendait tant que 4 personnes n’étaient pas de trop. heureusement que cette période semble être passée.

Depuis quelques jours j’avais mal à la gorge & j’ai dû finir par lui donner quelques gargarismes de chlorate, la voilà en bonne voie car je ne tousse plus du tout. Ce matin j’ai purgé (c’est toujours ainsi que je termine mes rhumes.) & me voici de nouveau tout dispos.

Tu sais par Marie que ma sœur[6] est malade, je compte aller la voir fin de cette semaine ; son mari dans sa lettre est un peu inquiet & elle me demande. Pour nous l’automne débute bien mal ! & cependant à Vieux-Thann il y a bien peu de malades.

Je n’étais pas revenu à mon hôpital mais ai eu occasion de voir sœur Aflonia & Claera, [   ] la 1ère qui est intelligente n’est pas âgée environ 35 ans, elle n’a jamais été à la tête d’un ménage & il lui faudra un apprentissage mais paraît remplie de bonne [volonté] mais elle n’a pas beaucoup de santé & il lui faut bien des ménagements, du reste elle est heureuse & enchantée de l’installation. sœur Claera est une jeune [grande] paysanne du Palatinat figure de pleine lune sans autre expression bonne fille à tout faire.

Mes vieilles ne sont pas encore installées, ce sera pour la fin du mois.

M. Henry Stackler nous quitte aujourd’hui à 1h pour retourner à Paris ; mais il veut encore voir sa sœur qui a aussi besoin de grands soins.

Léon[7] me dit que Marie a montré beaucoup de courage & de résignation en quittant hier au soir, son frère l’a accompagnée à Mulhouse & est rentré à 10h du soir, la pauvre petite femme est bien à plaindre, mais c’est une bonne précaution, d’autant qu’elle sera bien soignée chez Mme Miquey.

Midi

En prenant congé de moi M. Henry Stackler m’a confirmé la bonne opinion que lui laisse notre [   ] Docteur Disqué[8], en effet je suis heureux d’avoir contribué à avoir un Médecin aussi dévoué à Vieux-Thann.

Il y a 10 ans que j’aurais dû le faire !

Il ne me reste que le temps de t’embrasser

ton père ChsMff

Je n’écris pas à Marie faute de temps tu voudras bien transmettre mes bonnes nouvelles à nos bons parents[9].           


Notes

  1. Marie Mertzdorff-de Fréville.
  2. Hélène Duméril, atteinte de fièvre typhoïde.
  3. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  4. Joséphine Fillat, épouse d’Étienne Miquey.
  5. Henri Stackler, oncle d'Hélène Duméril, médecin.
  6. Émilie Mertzdorff, épouse d’Edgar Zaepffel, à Nancy.
  7. Léon Duméril.
  8. Le docteur Louis Disqué.
  9. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril, les grands-parents d’Hélène, qui logent chez Marie.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mercredi 9 novembre 1881 (A). Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Émilie Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_9_novembre_1881_(A)&oldid=35265 (accédée le 23 avril 2024).

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