Mercredi 2 novembre 1870 (C)

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Berger (Vieux-Thann) à son amie Marie Mertzdorff (à Morschwiller chez ses grands-parents)


original de la lettre 1870-11-02C pages 2-3.jpg


Mercredi 2 Novembre

Hier je n'ai pu faire partir ma lettre nous étions dans un bouleversement car on attendait les Prussiens ils étaient tout près du moulin il y en avait 15 000 et nous avons très bien entendu les coups de canon nous étions tous les en bas puis nous montions on a emballé les bijoux pour les enterrer en cas qu'on brûle la maison enfin c'était un remue ménage à n'en plus finir. Mme Mertzdorff[1] a proposé à papa[2] de nous envoyer à Morschwiller et s'il n'avait pas été trop tard nous y serions allés, pense donc quel bonheur cela eût été. Il n'y a eu qu'une messe basse à laquelle nous ne sommes pas allés on ne savait pas ce qui pouvait arriver pendant qu'on y était. Enfin pendant le dîner M. Braun est arrivé il n'a mangé que de la soupe, un peu de viande et est reparti il nous a dit qu'il ne pensait pas qu'on se battrait encore tu penses notre bonheur. Les Prussiens se sont dirigés vers Belfort et il y en a encore 600 à Cernay. Hier vers 4 h nous étions chez Marie Breymann et nous avons vu passer M. Braun à cheval avec un autre homme à côté de lui sais-tu ce que c'était on avait pris à Cernay dans une auberge deux hulans avec leurs chevaux, de belles bêtes, et le soir comme nous étions au petit salon à jouer aux cartes à chnip chnap chnour un très amusant jeu nous avons vu entrer papa qui a annoncé un hulan. Ce hulan était tout bonnement M. Braun qui avait le manteau et le casque Prussiens il a donné le casque à Madame Kestner[3] et le manteau il l'a gardé.

M Adieu encore une fois ma chère Marie, Hélène[4] t'écrira vendredi à Emilie[5] réponds-moi bientôt

Ton amie qui t'aime

Marie Berger

Si seulement vous pouviez être ici demain.


Notes

  1. Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff.
  2. Louis Berger.
  3. Possiblement Marguerite Rigau, veuve de Charles Kestner.
  4. Hélène Berger, jeune sœur de Marie.
  5. Emilie Mertzdorff, jeune sœur de Marie.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 2 novembre 1870 (C). Lettre de Marie Berger (Vieux-Thann) à son amie Marie Mertzdorff (à Morschwiller chez ses grands-parents) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_2_novembre_1870_(C)&oldid=42720 (accédée le 10 octobre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.