Mercredi 26 janvier 1916
Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne)
26 Janvier
Mon cher Louis,
Je t’ai envoyé quelques petits paquets pour te prouver que je ne t’oublie pas, mais il n’est pas mauvais de te le répéter et confirmer en bon français. Tu parais satisfait de ton sort et émerveillé des perfectionnements de la Braconne. Mais hier nous avons eu la visite du Commandant Fourcroy[1] (que nous aimerions savoir resté à la Braconne) qui ne voit pas les choses avec autant d’indulgence. Ce que c’est que de ne pas avoir de point de comparaison ! Il trouve qu’on vous a entassés pour réunir 4 régiments, et prétend qu’il y a de la boue !... Bref il paraît enchanté de l’emploi qu’on lui a donné au service des forges et se console mieux que nous de ne pouvoir, le cas échéant, te servir de protecteur.
Françoise[2] était navrée que tu n’aies pas pris tes gants de laine et me les a fait mettre dans le paquet. Ils ne te manquent pas jusqu’à présent, mais tu seras peut-être, en effet, bien aise de les trouver un jour.
T’ai-je dit (non, je crois que c’est à Pierre[3]) que Michel[4] n’avait pas trouvé les deux confrères qui avaient promis leur concours[5] pour Dimanche, ils étaient partis pour toute la journée. Quant à d’Amécourt[6] il n’a reçu qu’à 1h la lettre par laquelle Michel l’invitait à déjeuner !... et est arrivé tout chaud tout bouillant à 2h. Naturellement Michel était parti depuis longtemps, mais d’Amécourt est allé le rejoindre et Michel en augure bien quoiqu’il ait l’apparence bien frêle. Il espère surtout que son cousin Henri[7] se chargera de maintenir son zèle à la température voulue.
Jacques[8] est revenu d’Angers envoyé au dépôt des projecteurs au Mont Valérien et il est rentré ce soir, après y avoir conduit ses armes et ses bagages, avec le renseignement que les sous-officiers mariés ont le droit de coucher chez eux lorsqu’ils ont leur famille à Paris. Ce serait charmant. Il se servirait, dans ce cas de la moto qui lui faciliterait beaucoup les allées et venues.
Nous avons conduit aujourd’hui au cimetière Montmartre la pauvre Jeanne Dambricourt, la seconde fille d’Horace[9], qui est morte à Pau Jeudi dernier ! Inhumation provisoire en attendant qu’on puisse la ramener à St-Omer. C’est bien triste pauvre petite, et surtout pauvres parents !... qui ont peut-être tant de raisons de trembler aussi pour les autres !
Cécile[10] et Laure[11] sont venues, mais reparties dès aujourd’hui, Mme Ulrich[12] avec ses filles[13], M. Géry[14].
Ton papa[15] se joint à moi pour t’embrasse tendrement, mon cher enfant.
Emy
Notes
- ↑ Albert Georges Fourcroy.
- ↑ Françoise Maurise Giroud, veuve de Jean Marie Cottard, employée chez les Froissart.
- ↑ Pierre Froissart, frère de Louis.
- ↑ Michel Froissart, frère de Louis.
- ↑ Pour le patronage.
- ↑ Henri Ponton d’Amécourt.
- ↑ Henri non identifié.
- ↑ Jacques Froissart, frère de Louis.
- ↑ Horace Dambricourt, époux d’Alix Caroline Legrand.
- ↑ Probablement Cécile Dambricourt épouse de Maximilien Froissart.
- ↑ Probablement Laure Froissart, épouse de Jules Legentil.
- ↑ Marie Sidonie Mullié, veuve de Ulrich Auguste Maximilien Dambricourt.
- ↑ Renée et Edith Alice Ulrique Dambricourt.
- ↑ Géry Dambricourt, troisième du nom.
- ↑ Damas Froissart.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 26 janvier 1916. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (Camp de La Braconne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_26_janvier_1916&oldid=58628 (accédée le 22 décembre 2024).
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