Mercredi 25 septembre 1816

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Le Havre) à son mari André Marie Constant Duméril (Amiens)

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238 F

1816

la côte mercredi 25 Septembre

J’ai reçu hier soir avec bien de la joie, mon bon ami, ta lettre de lundi qui m’annonçait votre heureuse arrivée à Paris. Le sommeil d’Auguste[1], sa bonne humeur, les complaisances de ce Monsieur Chabanon pour ce cher petit, tout cela m’a charmé à apprendre, maman[2] me donne aussi des détails sur lui et tout cela m’est très doux ; Mais ce qui me fait de la peine c’est que ces coliques t’aient un peu repris, je crains qu’elles ne durent et j’aurais extrêmement à cœur que tu pusses faire quelque chose pour cela, si ce n’est à Amiens au moins pendant les 2 jours que tu passeras à Paris et pendant lesquels je serai auprès de toi et pourrai te soigner, Je crois que tu aimes assez les soins, les petites douceurs données par ta compagne, c’est pourquoi je pense avec joie qu’elle pourra te soigner si besoin est, mais j’aime bien mieux penser que tu seras très bien et qu’elle pourra te donner d’autres jouissances qui sont bien plus réelles prises avec un bon état de santé.

J’espère que tu auras trouvé tout le monde très bien portant chez ton Père[3] et je pense bien qu’on aura fait beaucoup de caresses à notre cher enfant que je te prie d’embrasser bien fort pour moi. Je présume que tu auras eu l’idée d’écrire deux mots à maman[4] pour lui apprendre votre arrivée qui j’espère aura été très heureuse et j’aime à penser que j’aurai aussi quelques lignes. Distribue je te prie mes amitiés et respects autour de toi et fais mes compliments très affectueux à M. Cloquet[5], mes compliments aussi à Mme Duval[6] et aux MM. Bertera ainsi qu’à Mme la jeune Dame[7]. J’ai trouvé excellente ton idée de porter à ta sœur[8] une pièce de percale, je n’ai que le regret de ne l’avoir pas eue aussi. Je n’ai point le temps de te donner des détails sur notre vie depuis ton départ, parce qu’il est question de profiter du soleil pour aller aux haras. Dimanche nous avons fait une partie à Orcher[9] mais le temps se gâta pendant la route et fut vilain tout le reste de la journée, aussi se promena-t-on avec des parapluies, mais comme on était nombreux et que dans la compagnie il y avait 2 bons musiciens joueurs de flûte la journée se passa assez gaiement. Le lendemain nous avons eu notre dîner chez la famille Begoin, assez cérémonielle et où il a fallu aller en toilette : Ces Dames nous ont cependant fait un accueil aimable. le soir on a fait le soir un peu de musique. Nos enfants[10] y furent aussi invités et s’amusèrent bien. hier soir nous fûmes au spectacle où nous nous sommes assez amusés. Demain il y aura probablement du monde ici le soir. Samedi nous ferons nos malles et partirions le soir comme la chose a été décidée avec toi.

Notre bonne et jolie amie[11] continue à avoir quelques malaises, elle me charge de te dire que si cela dure encore elle te consultera à Paris, elle me recommande aussi de te faire ses amitiés très particulières. Elle est un peu triste et cela me peine. Hier au spectacle elle était on ne peut pas plus jolie.

Adieu mon bien bon ami. J’oubliais de te raconter qu’hier nos enfants ont été dans le voisinage à une petite fête où ils se sont beaucoup amusés.

Adieu encore, je me dis ta tendre amie et te serre contre mon cœur.

A.D.


Notes

  1. Auguste Duméril, leur fils.
  2. .Rosalie Duval, mère d’André Marie Constant Duméril.
  3. François Jean Charles Duméril.
  4. Marie Castanet, veuve de Daniel Delaroche.
  5. Hippolyte Cloquet, secrétaire d’AMC Duméril dans sa tournée de jurys de médecine.
  6. Flore Maressal, épouse d’Augustin Duval.
  7. Eugénie Sénart, qui vient d’épouser Edouard Bertera.
  8. Reine Duméril.
  9. Gonfreville L’Orcher, près du Havre.
  10. Auguste et Louis Daniel Constant Duméril.
  11. Suzanne de Carondelet.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril à sa femme, p.149-152)

Annexe

A Monsieur

Monsieur Duméril, président des Jurys de Médecine

Petite rue Saint Rémy

à Amiens

Pour citer cette page

« Mercredi 25 septembre 1816. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Le Havre) à son mari André Marie Constant Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_25_septembre_1816&oldid=35115 (accédée le 26 avril 2024).

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