Mercredi 25 juin 1890

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou)


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Paris 25 Juin 1890.[1]

Mille remerciements, ma chère petite Marie pour ta bonne lettre. Quel cœur que le tien ! Quelle sollicitude pour la vieille grand’mère ! Sois tranquille je vais parfaitement et suis bien soignée. Rosalie[2] qui a été très sensible à ton petit mot m’a demandé la permission d’y répondre dans ma lettre à laquelle je joindrai la carte qu’elle a écrite. Je suis heureuse de vous savoir tous réunis à Launay jouissant de la belle campagne et de tous les avantages qui y sont attachés. A Paris ta vie étant tellement remplie par des obligations diverses, tu ne peux pas y avoir ce calme qui repose le cœur et l’esprit, faisant goûter mille choses inconnues aux habitants d’une grande ville. J’ai eu le plaisir d’avoir avant-hier la visite de Madame de Fréville[3] toujours bonne, aimable, sachant si bien t’aimer et t’apprécier, elle part demain pour la Brie faire un petit séjour chez son bon cousin[4] qui se réjouit autant qu’elle de cette réunion. J’ai eu aussi Samedi dernier la bonne visite de Madame Gastambide[5], elle m’a dit que la fille aînée de Madame Jung[6] est retenue à Paris à cause d’une indisposition survenue dans son état de grossesse, cela ne sera rien mais demande des soins. Je lui avais écrit Dimanche un petit mot pour lui dire combien j’avais été heureuse de causer un peu tranquillement avec elle et voici ce qu’elle me répond : J’ai été heureuse, ma chère Félicité de passer l’autre jour quelques bons moments avec vous avant la dispersion de l’été. Soignez bien votre santé si précieuses à ceux qui vous aiment, au nombre desquels n’est-ce pas ? vous voulez bien me compter.

Bien à vous de cœur ma chère Félicité.

E. Gastambide.

Je viens de recevoir aussi une bonne lettre de notre chère Émilie[7] contenant les meilleurs détails sur les enfants, sauf le petit Duval. Elle me dit : « J’ai le plaisir de recevoir ici Paule Duval[8] avec sa jeune famille, malheureusement le dernier est souffrant depuis plusieurs jours et n’est pas sans nous avoir causé quelques inquiétudes. Ce soir il paraît mieux et nous espérons qu’il ne couve pas une maladie. Les enfants s’abattent vite et reprennent aussi très vite leurs forces.

Tous les autres enfants Duval et Froissart sont, au contraire resplendissants de santé, de gaîté, et d’entrain. Ils passent leur temps sur la plage pieds nus quand le temps le permet, à jouer dans le sable et à barboter dans l’eau, ils reviennent affamés, c’est plaisir de les voir manger. Madeleine est de plus en plus entreprenante, elle grimpe partout et veut faire tout comme les grands. Damas[9] tire le canon presque tous les matins, ce qui le force à se lever de très bonne heure, mais cette vie au grand air quoiqu’un peu fatigante, paraît lui être très salutaire. J’attends demain la visite de Marie Flandrin qui viendra passer quelques jours avec nous. »

Je pense sans cesse à ma chère belle-fille[10], puissent les eaux lui être salutaires en lui rendant la santé et en chassant pour toujours les douleurs de rhumatisme qu’elle a supportées avec une résignation admirable. Je te quitte mon excellente petite Marie en t’embrassant bien fort ainsi que Marcel[11] et les chers enfants[12].

Félicité Duméril.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Rosalie, bonne de Félicité Duméril.
  3. Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville.
  4. Cousin non identifié.
  5. Émilie Delaroche, veuve d'Adrien Joseph Gastambide.
  6. Élise Jung, épouse de Georges Lafaurie, enceinte de Raoul Lafaurie, est la fille aînée d'Isabelle Latham, épouse d'August Jung.
  7. Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart et mère de Jacques, Lucie et Madeleine Froissart.
  8. Paule Arnould, épouse de Louis Duval, et mère de Louise, Paul e François Duval-Arnould.
  9. Damas Froissart.
  10. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  11. Marcel de Fréville.
  12. Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Mercredi 25 juin 1890. Lettre de Félicité Duméril, veuve de Louis Daniel Constant Duméril (Paris) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_25_juin_1890&oldid=53372 (accédée le 15 novembre 2024).

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