Mercredi 21 mai 1884

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann), à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou)


Fs1884-05-21 pages1-4 Félicité déjà TAPEE.jpg Fs1884-05-21 pages2-3 Félicité.jpg


Vieux-Thann 21 Mai 1884.

Merci mille fois, ma bonne petite Marie, de ta lettre que j’ai reçu hier, c’est pour nous[1] un si grand contentement de te savoir en bonne santé et d’apprendre que les enfants[2] cheminent vers un rétablissement complet. Ce cher petit Robert avait tant besoin de reprendre des forces, après avoir été si éprouvé par la coqueluche, il n’y avait rien de meilleur que la campagne à cause du bon air qu’on y respire, et toi, ma chère enfant, dégagée là de toutes les obligations du monde et entouré de ton bon mari[3], de tes enfants, et souvent de ton excellente tante[4] tu prends de la force pour bien supporter le moment de tes couches[5], si le médecin de Nogent[6] offre les garanties voulues, il me semble qu’à Launay tu trouveras bien mieux qu’à Paris les bonnes conditions hygiéniques pour le moment de la naissance de ton petit enfant et pour le rétablissement de tes forces. Marcel t’a raconté combien ta bonne tante Heuchel[7] est admirable de calme et de pieuse résignation, elle a fait toutes ses dispositions, pensant beaucoup à sa petite-fille Jeanne[8] à laquelle elle laisse ce qui lui a appartenu entre autres ses vêtements avec l’indication et l’usage qu’elle a voulu indiquer elle-même, c’est son mari qui a fait sous sa dictée les diverses étiquettes attachées aux objets qu’elle destine à Jeanne : de plus, rien de ce qui est relatif au jardin n’a été oublié, elle a donné des instructions pour la greffe de certains arbres, travail à faire l’année prochaine. Ton pauvre oncle s’est prêté à tout, il lui sert de secrétaire en ayant le cœur navré. Depuis quelques jours elle se sent mieux, mange de petites soupes avec plaisir et aujourd’hui elle et son mari reprennent espoir, malheureusement nous savons par le médecin[9] que le mal dont elle est atteinte est incurable mais nous espérons que la vie pourra être prolongée. Je suis frappée du caractère de beauté qu’a pris le visage de ta tante, j’y trouve de la distinction, de la douceur et un calme profondément pieux.

Ici nous n’allons pas mal dans ce moment mais notre chère belle-fille[10] a été souffrante et retenue au lit pendant quelques jours, elle est levée aujourd’hui et ranime toute la maison par sa grâce, sa bonté, et son aimable esprit, les enfants[11] sont fort enrhumés mais conservent leur entrain. Combien je fais de vœux pour que ton excellente tante ne se ressente plus du mal de gorge et qu’elle et son mari[12] reprennent force et santé.

J’ai reçu une lettre de ma chère petite Émilie[13] et nous avons tous été heureux d’apprendre qu’elle était arrivée sans fatigue à Paris et à Lille. Je suis chargée par Léon et Marie[14] de t’adresser ainsi qu’à Marcel les choses les plus affectueuses. Ils auraient tant aimé vous voir tous ici.

Au revoir ma bonne petite Marie, soigne-toi bien et reçois avec Marcel et les chers enfants les meilleurs baisers de tes vieux parents.

Félicité Duméril

Thérèse[15] est une femme qui a bien des facilités pour travailler et faire travailler, tu ne saurais croire combien en peu de jours elle a su mettre de l’ordre dans la maison d’après les indications d’Émilie.           


Notes

  1. Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril.
  2. Jeanne et Robert de Fréville.
  3. Marcel de Fréville.
  4. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
  5. Charles de Fréville naîtra le 5 juillet.
  6. Ephraïm Souplet, médecin à Nogent-le-Rotrou.
  7. Élisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel et grand-tante de Marie Mertzdorff-de Fréville.
  8. Jeanne Heuchel.
  9. Louis Disqué ?
  10. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.
  11. Hélène et André Duméril.
  12. Alphonse Milne-Edwards.
  13. Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart.
  14. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.
  15. Thérèse Neeff, qui était la bonne de Charles Mertzdorff (†).

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mercredi 21 mai 1884. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann), à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Launay près de Nogent-le-Rotrou) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_21_mai_1884&oldid=53496 (accédée le 22 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.