Mardi 1er janvier 1884

De Une correspondance familiale

Lettre d’Edgar Zaepffel (Nancy) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Nancy 1er Janvier 84.[1]

Ma chère Marie,

Je sais que vous êtes tous, grands et petits, dans l’état le plus florissant. Aussi il ne me reste plus qu’à souhaiter que cet état se maintienne et se prolonge, si tant est que les souhaits servent à quelque chose, ce que je veux espérer. Dans tous les cas, il y a l’intention qui les dicte, et c’est à ce titre que je t’envoie tous mes vœux de bien bon cœur.

Comme je viens de l’écrire à Émilie[2], je suis rhumatisé, rhumatisé jusqu’à la corde. Je fais bon marché des douleurs quand elles se bornent à se promener de tous côtés, sans trop insister. Mais quand elles se logent sur l’estomac, c’est différent. J’ai eu depuis deux mois plusieurs crises pendant la nuit, et la dernière surtout a été intolérable. J’ai souffert sans interruption de minuit à 6h du matin, à me tordre et j’ai dû garder la chambre pendant une huitaine de jours à la suite de cette dernière secousse. L’appétit revient peu à peu mais je suis obligé de prendre de grandes précautions et les forces ne sont pas en hausse. C’est comme les affaires du pays, que c’est triste tout ce qui se passe. Tiens, voilà ce que je lisais ce matin dans un journal. C’est extrait d’un livre Allemand.

« Tout craque en France, tout s’affaisse, et maintenant nous pouvons parler sans crainte et sans colère de la France, mais avec cette pitié respectueuse que l’on doit à une grande nation qui décline ! »

Voilà ce qu’on dit de nous et malheureusement ce n’est que trop vrai. Oui, tout s’assombrit. C’est à désespérer de l’avenir et de revoir l’Alsace Française ! Et cependant si tu savais comme elle reste Française par le cœur ! Je le constate tous les ans avec bonheur quand j’y retourne, et je suis navré en voyant combien peu on pense à elle.

Mes plus affectueux souvenirs pour toi, ma chère Marie, pour ton mari[3] et tes enfants[4].

E. Zaepffel


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart et sœur de Marie.
  3. Marcel de Fréville.
  4. Jeanne et Robert de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Mardi 1er janvier 1884. Lettre d’Edgar Zaepffel (Nancy) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_1er_janvier_1884&oldid=53067 (accédée le 15 novembre 2024).

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