Mercredi 20 janvier 1808

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril et de sa sœur Reine Duméril à leur mère Rosalie Duval (Amiens)


lettre du 20 janvier 1808, recopiée livre 3 page 11.jpg lettre du 20 janvier 1808, recopiée livre 3 page 12.jpg lettre du 20 janvier 1808, recopiée livre 3 page 13.jpg


n°185

Paris le 20 Janvier 1808, au soir

Mon cher Père

Reine[1] vous a mandé avant-hier que le général Dejean[2] m’avait dit la veille, lorsque je lui parlais de la présentation que votre cour avait faite à M. Caumartin pour remplacer M. Maressal, qu’il était probable que le choix était déjà fait et qu’au moment où on avait décidé la destitution on avait songé au remplacement. Cependant j’ai vu ce soir et tout à l’heure le général qui s’est trouvé dans la journée chez l’empereur avec le grand juge[3]. Il lui a parlé de M. Caumartin. Le choix n’est pas fait. Il a dit au général qu’il faisait grand cas de sa recommandation, que M. Caumartin avait les notes les plus favorables. Je suis bien aise que vous soyez instruit de tous ces détails afin que vous puissiez en prévenir M. Caumartin auquel ils feront grand plaisir.

Auguste[4] n’a point encore pris de parti. Il attend des nouvelles de Turin où l’on a écrit à l’économe qui désire rentrer dans l’intérieur. Le Ministre[5] lui accordera sans difficulté toute place qui pourra vaquer et qui sera à sa connaissance de sorte qu’il est sur le qui-vive.

Nous nous portons tous très bien. Ma petite Caroline[6] a sa seconde dent hier. Elle est toujours très gaie. Ma femme[7] se joint à moi pour vous embrasser ainsi que maman et Désarbret[8].

Votre fils C. Duméril

Puisque Constant[9] laisse du blanc je vais écrire un mot à maman. J’ai couru hier toute la matinée avec le domestique d’Auguste. Je suis rentrée crottée à faire horreur. J’ai acheté le gilet de couleur de Désarbret. Mais le noir en velours m’a fait aller de porte en porte dans les rues Saint-Honoré et Vivienne et je suis rentrée sans pouvoir me le procurer. Je retournerai demain au Palais-Royal où j’en avais vu un. Alors j’en trouverai de plus beaux. Impossible de trouver de boutons à jetons. Il faudra prendre le parti de les faire soi-même. Je rapporterai à ma bonne des mouchoirs et des bas quant à mon bonhomme[10] je suis toujours embarrassée.

Je suis allée avant-hier au spectacle avec Auguste et les Bruloy[11] chez lesquels j’avais dîné. J’avais été hier invitée à dîner chez Dumont[12] pour aujourd’hui avec Mme Lamy Tranel et sa fille. J’avais refusé à cause de Mme Delaroche[13]. Ma sœur[14] vient de me dire que j’avais eu tort ; d’après cette permission je me fais un plaisir d’aller le surprendre. J’irai retrouver mon monde le soir. J’espère pouvoir voir Mlle Sicard. Demain Constant retourne chez le Ministre. La petite est malade. Il est bien décidé à parler aujourd’hui de M. Salleron[15]. Si il y a quelque chose de nouveau sa femme aura une lettre demain. Pas d’autres nouvelles de M. Bally que des excuses qu’il a fait faire par un ami commun.

Je vous embrasse tous. On attend après ma lettre. Croyez à l’attachement vrai de votre fille Reine.


Notes

  1. Reine Duméril, sœur d’André Marie Constant.
  2. Jean François Aimé Dejean.
  3. Claude Ambroise Régnier (1746-1814) est grand-juge et ministre de la justice depuis 1802.
  4. Auguste (l’aîné), frère d’AMC et de Reine Duméril.
  5. Le ministre de la Guerre Henri Jacques Guillaume Clarke, en fonction depuis le 9 août 1807.
  6. Caroline Duméril (l’aînée), née en mars 1807.
  7. Alphonsine Delaroche.
  8. Joseph Marie Fidèle dit Désarbret, frère d’AMC et Reine Duméril.
  9. André Marie Constant Duméril.
  10. Possiblement le neveu de Reine, Florimond Duméril dit Montfleury (le jeune), âgé d’une dizaine d’années.
  11. Bruloy est orthographié Brulois par Reine Duméril.
  12. Charles Dumont de Sainte-Croix.
  13. Marie Castanet épouse de Daniel Delaroche.
  14. Sa belle-sœur, Alphonsine, fille de Mme Delaroche.
  15. Pierre Salleron.

Notice bibliographique

D’après une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 11-13

Pour citer cette page

« Mercredi 20 janvier 1808. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à son père François Jean Charles Duméril et de sa sœur Reine Duméril à leur mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_20_janvier_1808&oldid=61600 (accédée le 8 octobre 2024).

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