Mercredi 1er mars 1876

De Une correspondance familiale


Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris)


original de la lettre 1876-03-01 pages 1-4.jpg original de la lettre 1876-03-01 pages 2-3.jpg


Morschwiller 1er Mars 1876.

Mille remerciements, ma bien chère Aglaé, pour la bonne lettre que tu viens de m’écrire et qui renferme les détails les plus complets sur ce qui nous occupe tant dans ce moment. Dès le reçu de ta lettre, je m’étais empressée d’en copier une partie pour l’adresser à mon neveu Paul[1] ou à son père[2], et ma lettre n’a pas pu partir parce que je ne connais pas leur adresse à Paris, mais tu as dû avoir la visite du père et et du fils, et de vive voix tu auras pu leur faire part de ce que tu m’écrivais. Nous pensons beaucoup à cette grande affaire qui est sur le tapis, puisse-t-elle avoir le résultat que nous désirons. Paul par ses grandes qualités est digne de la jeune fille dont tu as pu apprécier tout le mérite. Inutile de dire combien nous sommes impatients d’être tenus au courant de ce qui sera fait. Paul sait bien que nous l’aimons comme un fils et il a pour nous des sentiments qui peuvent être comparés à ceux qu’inspire l’amour filial.

Chère et bonne Aglaé, je n’ose pas te parler de ce que j’éprouve en pensant à toi, du rang où je te place, parce que ton humilité repousse les éloges, il faut donc que je sache concentrer en moi ce que je voudrais exprimer.

Nous avons pris une vive part au malheur que vient d’éprouver le ménage Brongniart par la mort du respectable chef de cette famille[3]. Veuille je te prie, être notre interprète auprès de M. et Mme Brongniart[4] en leur exprimant nos sentiments de sympathie.

Mon mari[5] va bien, l’appétit et le sommeil sont bons et le docteur est très satisfait de son état, mais tu le trouveras changé il a pâli et maigri, il lui faut à présent de l’air et de l’exercice, aussi chaque fois qu’il peut faire une promenade au grand air il s’en trouve fort bien.

Nous avons été hier au Moulin où les travaux sont commencés, mais il est bien probable qu’ils ne soient pas terminés avant le mois de Mai.
Georges[6] et Léon[7] sont bien confortablement logés dans l’appartement de Madame Mertzdorff[8].
Hier cette brave Thérèse[9] était toute contente de me le montrer.

J’ai reçu la semaine dernière une lettre de ma sœur[10] qui m’annonce la mort de deux de ces bonnes amies, l’une Madame Virnot[11] que tu as vue peut-être au Jardin laisse un fils et une fille[12], veufs tous les deux, l’un et l’autre trouvaient l’appui et la force auprès de leur bonne mère qui était pour eux la providence sur la terre. L’exemple que cette vertueuse dame a laissé viendra, j’espère, en aide à ses pauvres enfants. La jeune femme veuve écrit : priez pour que je sois la femme du devoir, la digne fille de ma mère. Hélas ! Que de personnes éprouvées dans ce monde !

J’espère que l’accident survenu au pied de Monsieur Edwards[13] n’aura pas de suite et que bientôt toute souffrance aura cessé. Veuille, je te prie lui présenter nos affectueux respects.

Je remercie bien ma bonne petite Émilie[14] de sa bonne lettre qui nous a fait bien plaisir, je l’embrasse bien fort ainsi que ma petite Marie[15].

Adieu bien chère Aglaé nous t’embrassons de tout cœur ainsi que ton mari[16] et tes chers parents[17]. Combien je jouis de savoir le cher petit Jean[18] en bonnes dispositions de santé.

Félicité Duméril

Souvenirs bien affectueux à Mesdames Dumas[19] et Pavet[20].


Notes

  1. Paul Duméril, pour qui un projet de mariage est en cours.
  2. Charles Auguste Duméril, frère de Félicité.
  3. Adolphe Brongniart (†).
  4. Édouard Brongniart, fils d’Adolphe, et son épouse Catherine Simonis.
  5. Louis Daniel Constant Duméril.
  6. Georges Duméril.
  7. Léon Duméril, fils de Félicité et Louis Daniel Constant Duméril.
  8. Marie Anne Heuchel (†), veuve de Pierre Mertzdorff et mère de Charles.
  9. Thérèse Neeff, employée par Charles Mertzdorff.
  10. Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril.
  11. Adèle Catherine Le Thierry, veuve de Victor Dominique Virnot
  12. Urbain Dominique Virnot, veuf de Louise Derode (1841-1870) et Julie Jeanne Virnot, veuve de  Henri Joseph Barrois (1833-1872).
  13. Henri Milne-Edwards.
  14. Émilie Mertzdorff.
  15. Marie Mertzdorff, sœur d’Emilie.
  16. Alphonse Milne-Edwards.
  17. Jules Desnoyers et son épouse Jeanne Target.
  18. Jean Dumas.
  19. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  20. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 1er mars 1876. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Morschwiller) à Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_1er_mars_1876&oldid=58515 (accédée le 10 décembre 2024).

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