Mercredi 11 janvier 1882
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris 11 Janvier 82.[1]
Que j’ai été contente, mon cher Papa, de pouvoir t’embrasser Lundi matin avant ton départ ; c’est un grand plaisir pour moi que de te voir au dernier moment installé dans ton wagon il me semble que je te suis mieux pendant ton voyage, j’espère donc que tu n’auras pas été fâché de nous voir apparaître et que tu nous pardonnes notre petite expédition. Nous avions bien peur d’arriver trop tard et en effet il s’en est fallu de peu que nous te manquions. J’ai été bien contente hier en apprenant que tu avais fait bonne route ; j’espère que tu es maintenant bien installé à Vieux-Thann, mon Père chéri, et que tu n’es pas trop fatigué. Ici la crise de rhumes continue : Jeanne[2] a été très souffrante Lundi, ses yeux pleuraient elle toussait ne mangeait pas, je me demandais si ce n’était pas par hasard le commencement d’une maladie ; M. Barth[3] qui dînait avec nous ce soir-là nous a rassurés et en effet hier elle allait mieux et aujourd’hui tout à fait bien, son entrain et sa vivacité habituels sont revenus, elle est encore enrhumée mais ce n’est plus grand chose. Ce matin c’est le tour de Marcel[4], il en est à la période la plus désagréable celle du mal de tête et du rhume de cerveau, aussi a-t-il employé le remède alsacien que je n’aime pas, il est resté dans son lit jusqu’au déjeuner buvant force tisane pour se donner une chaleur démesurée et il a réussi, aussi maintenant il prétend qu’il va mieux. J’ai vu il y a quelques instants, tante[5] et Émilie[6] qui sont venues voir Jeanne avant le cours de dessin. Émilie m’a annoncé la grande nouvelle du mariage d’Hélène Berger[7] ; la lettre d’Hélène écrite je crois le jour même des fiançailles respire la joie et l’enthousiasme ; je souhaite bien qu’elle soit heureuse. Connais-tu ce M. Poinsot ? Il paraît qu’ils habiteront Lauw ; cela me semble une très bonne combinaison. Je me figure que ce nouveau mariage doit bien occuper tout le monde là-bas.
Comment as-tu trouvé petite Hélène[8] et sa maman ? J’attends avec impatience une lettre de toi car tu sais donner sur chacun une foule de détails qui intéressent.
J’ai vu hier bonne-maman[9] qui venait rendre visite à sa petite Jeanne. Cela me semble toujours bien drôle de t’écrire des nouvelles de bonne-maman au lieu de t’en demander.
Je ne suis sortie ni hier ni aujourd’hui de sorte que je n’ai rien d’intéressant à te conter ; il fait gris et pluvieux le temps n’invite pas à la promenade. Adieu, mon cher petit Papa, que je voudrais donc avoir encore de tes bonnes longues visites qui me faisaient tant de plaisir ; tu reviendras bientôt, n’est-ce pas, et tu tâcheras de rester longtemps.
Je t’embrasse de tout mon cœur.
Marie
Marcel t’envoie toutes ses amitiés et Jeanne embrasse bon-papa qu’elle voudrait bien voir ; elle s’ennuie toute seule surtout lorsqu’elle ne sort pas.
Notes
- ↑ Lettre sur papier-deuil.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Le médecin et ami Henri Barth.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
- ↑ Hélène Berger épouse Émile Poinsot en avril.
- ↑ Hélène Duméril, fille de Marie Stackler et Léon Duméril.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril, qui habitaient précédemment à Vieux-Thann.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Mercredi 11 janvier 1882. Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_11_janvier_1882&oldid=58819 (accédée le 15 novembre 2024).
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