Jeudi 12 janvier 1882
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
12 Janvier 1882[1]
Que je suis désolée, mon papa chéri, de n’avoir pas pu t’écrire hier comme je le voulais, mais tu sais que ma journée du mercredi est très chargée, il faut partir de bonne heure pour la leçon d’anglais et terminer auparavant tous les devoirs pour la dite leçon.
J’ai appris hier par une lettre d’H. Berger[2] la grande nouvelle dont tu me parles aujourd’hui ; elle a l’air bien content, j’espère qu’il y a en effet lieu de l’être et pour mon compte je me réjouis beaucoup de son bonheur ; la vie une peu isolée de Lauw n’a pas l’air de l’effrayer, elle a en effet toujours beaucoup aimé cette maison.
Je vois que tu as pu quitter Nancy Mardi comme tu l’espérais, j’avoue que je ne croyais pas que cela fût possible ; maintenant je vais compter les jours jusqu’à mes 21 ans, non pas que je désire arriver à cet horrible âge, mais parce que tu m’as promis que le 14 février me ramènerait mon papa ; malheureusement le temps où il n’est pas là passe toujours bien moins vite ; il me semble qu’il y a déjà longtemps que tu es parti.
Si je ne te parle pas de la santé de Jeanne[3], c’est que je sais que Marie[4] t’a écrit hier et qu’elle t’a par conséquent donné les nouvelles satisfaisantes que je pourrais t’apprendre : la pauvre petite chérie a été bien fortement grippée Lundi surtout Marie était toute désolée et se reprochait de lui avoir donné son rhume ; heureusement cela n’a rien été et elle est tout à fait bien aujourd’hui. C’est maintenant le tour de son papa[5], il faut que tout le monde y passe ; il était bien enrhumé hier, cela ne l’a pourtant pas empêché de venir dîner ; il eût été d’autant plus contrariant pour eux de manquer ce Mercredi, que M. et Mme de la Serre avec Louis et Etienne[6] étaient des nôtres. La soirée a été très gaie, un peu aux dépens du pauvre Jean[7] qu’on n’a pas mal taquiné. Dans la journée j’avais pris ma leçon d’Anglais, puis j’avais été chez M. Flandrin[8] et enfin chez Paule[9] ; petit Marcel[10] a été bien souffrant mais il va mieux. Mathilde[11] part demain pour l’Algérie.
La robe pour Marie Rich[12] est de ma part et c’est moi aussi qui envoie tous les joujoux à Hélène D.[13] Pauvre petite quelle longue convalescence. Tu vois par ces renseignements que j’ai reçu ta bonne lettre écrite Mercredi, je t’en remercie d’autant plus que je ne la méritais pas, moi qui suis restée si longtemps sans t’écrire. Mardi nous avons eu 14 visites qui ne nous ont pas laissé le temps de goûter.
Adieu mon père chéri, je t’embrasse de tout mon cœur. Pourquoi ne puis-je le faire réellement. Quelle vilaine chose que la séparation !
Je t’envoie une carte de M. Berger[14] arrivée ce matin pour toi.
Notes
- ↑ Lettre sur papier-deuil.
- ↑ Hélène Berger épouse Émile Poinsot en avril.
- ↑ Jeanne de Fréville.
- ↑ Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville et sœur d’Émilie.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Roger Charles Maurice Barbier de la Serre, son épouse Louise de Fréville et leurs deux fils aînés, Louis et Étienne Barbier de la Serre.
- ↑ Jean Dumas.
- ↑ Le peintre Paul Flandrin.
- ↑ Paule Arnould.
- ↑ Marcel Arnould.
- ↑ Mathilde Arnould.
- ↑ Marie Berger, épouse de Paul Henri Rich.
- ↑ Hélène Duméril qui a eu la fièvre typhoïde.
- ↑ Louis Berger.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Jeudi 12 janvier 1882. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_12_janvier_1882&oldid=41238 (accédée le 18 décembre 2024).
D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.