Mardi 9 octobre 1877

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1877-10-09 pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-10-09 pages 2-3.jpg


Paris le 9 Octobre 1877

Mon Père chéri,

Merci, merci un million de fois pour le petit mot que nous avons reçu ce matin et qui nous a fait tant de plaisir c’est si bon de savoir que ceux qu’on aiment ont fait bon voyage et se portent bien ; si tu savais comme nous pensons à toi ! j’aurais déjà voulu t’écrire hier quoique n’ayant pas grand’chose à te dire mais je m’y suis si mal prise que j’ai laissé passer l’heure. C’est te dire que nous avons entrepris les grands rangements dont nous parlions Dimanche ; toute la matinée nous avons ouvert des armoires, fait des paquets de choses d’été et ouvert au contraire les caisses de lainages ; vers midi tante Louise[1] et sa famille sont venues et sont restées longtemps ici enfin à 2h1/2 nous avons nous-mêmes mis nos chapeaux et sommes allés faire quelques courses ; couturière, visite à la pauvre femme Lelong & nous ne sommes rentrés qu’à 6h. Le soir nous avons un peu cousu puis le sandmann[2] a passé et comme il nous avait aveuglés tous nous avons pris le parti de ne pas lui résister et nous sommes montés à 9h pour trouver nos lits. Ce matin par contre nous avons conservé nos bonnes habitudes de Cannes[3] ; à 6h nous sortions de notre bon lit chaud. Mlle Duponchel[4] est venue ensuite ; elle a été assez contente de ce que j’avais fait mais pas contente du tout de ce que je n’aie pas plus travaillé, je l’ai apaisée en lui faisant de belles promesses pour l’avenir, espérons que j’y serai fidèle !
J’ai commencé une tête de vieillard assez facile pour me remettre en train. J’allais t’écrire aussitôt après le déjeuner mais les caisses de petite vitesse sont arrivées et depuis ce temps nous rangeons et défaisons sans nous arrêter ; il est midi et je ne sais pas encore quel sera l’emploi de notre après-midi nous avions l’intention d’aller à Bellevue voir Henriette[5] (tu sais je lui avais écrit Dimanche) mais comme nous n’avons pas de réponse je ne sais si nous nous mettrons en route tout de même.

Jean[6] a fait ce matin son entrée au collège ; tante[7] et sa maman[8] l’ont conduit à Stanislas, le pauvre garçon était je crois assez dépaysé mais faisait bonne figure.

Je crois mon bon père que quand je t’aurai dit que la girafe est morte il ne me restera plus qu’à t’embrasser bien bien fort c’est ce que je fais le mieux que je puis ; je t’aime tant mon petit papa !

J’embrasse aussi bon-papa et bonne-maman[9] ainsi que tante Marie[10]. Leur as-tu donné les livres ?
Ta fille qui t’aime énormément,
Marie


Notes

  1. Louise Milne-Edwards, veuve de Daniel Pavet de Courteille, est mère de sept enfants.
  2. Le marchand de sable.
  3. La famille revient d’un séjour à Cannes.
  4. Marie Louise Duponchel, professeur de dessin.
  5. Henriette Baudrillart ?
  6. Jean Dumas.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. Cécile Milne-Edwards, épouse d’Ernest Charles Jean Baptiste Dumas.
  9. Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
  10. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 9 octobre 1877. Lettre de Marie Mertzdorff (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_9_octobre_1877&oldid=55863 (accédée le 8 décembre 2024).

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